Intervention de Laurence Dumont

Séance en hémicycle du 6 mai 2014 à 15h00
Débarquement en normandie — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurence Dumont :

qui, après sa rencontre avec des sénateurs américains, a oeuvré avec moi pour que ce texte soit adopté des deux côtés de l’Atlantique avant le soixante-dixième anniversaire du débarquement.

En effet, le rappel de ce qu’a été le 6 juin 1944, de l’engagement des 155 000 hommes du corps expéditionnaire est un devoir pour nous, un devoir de mémoire et une impérieuse nécessité.

Préparée par les alliés depuis 1942, c’est une incroyable armada navale et aéroportée, qui s’était mise en mouvement depuis les côtes anglaises dans la nuit du 5 au 6 juin pour aborder les côtes normandes le jour J, le D-Day. Plus de 10 000 avions, 4 000 bâtiments de transport et 700 navires de guerre engagés : soixante-dix ans après, l’ampleur des moyens déployés frappe toujours autant les esprits.

Si la supériorité matérielle de cette armée de la liberté ne faisait aucun doute, elle n’était pas pour autant le gage d’une victoire assurée au soir du 6 juin. Car c’est bien aux hommes, à ces jeunes soldats, que revenait de prendre pied sur le sol français et de se battre, mètre par mètre, au prix souvent du sacrifice ultime. Ces hommes avaient pour seule mission de vaincre ou de mourir.

Lors de ce choc décisif du 6 juin, c’est de ces premiers pas qu’est né l’espoir de la libération du territoire national et de l’Europe occidentale. Des soldats embarqués dans les barges aux parachutistes largués au-dessus des points stratégiques, tous avaient en tête des sentiments teintés de fierté peut-être, mais aussi, surtout, de peur. Chacun de ces 155 000 hommes avait son histoire, son parcours, mais aussi, ses projets. Chacun à l’aube, dans son avion, dans sa barge, en chemin vers les plages de Normandie, avait au fond de lui-même l’image de ses proches, de ses amis, de sa famille.

Et pourtant, ces combattants de la liberté allaient livrer une bataille héroïque. Une bataille décrite ainsi par le Président Obama, lors des cérémonies du soixante-cinquième anniversaire : « Alors que le danger était maximum, des hommes qui se pensaient ordinaires ont trouvé en eux de quoi accomplir l’extraordinaire ».

Nos amis américains payèrent un lourd tribut. Plus de 3 800 soldats furent tués, blessés ou portés disparus ce 6 juin. Un prix humain exorbitant pour la conquête de quelques centaines de mètres de plage sur « Omaha la sanglante », baptisée ainsi depuis, tant les pertes humaines y furent importantes. Les milliers de croix blanches alignées au cimetière américain de Colleville-sur-Mer, petit morceau d’Amérique au coeur de la Normandie, sont là pour en témoigner.

Mais il n’y eut pas seulement les Américains. Il y eut aussi les Britanniques, sans lesquels ce débarquement n’aurait jamais pu être organisé et qui furent, dans l’Europe occupée, un rempart contre le totalitarisme. Nombre de soldats anglais perdirent également la vie. Il y eut aussi les Canadiens, qui livrèrent des combats violents et acharnés, au prix de nombreuses pertes. Il y eut aussi les Belges, les Néerlandais, les Tchèques, les Slovaques, les Polonais, les Danois, les Norvégiens, les Australiens, les Luxembourgeois, les Néo-Zélandais, les Grecs.

Ce sont nos libérateurs. La France leur doit tant. Nous leur devons ce que nous sommes.

Dans cette longue liste, je n’oublie évidemment pas les Français. Ceux de l’« armée de l’ombre », ces résistants, qui ont joué un rôle majeur avant, pendant et après ce débarquement. La répression nazie à leur égard s’est accrue en cet été 1944. Le 6 juin, alors que se déroulait à quelques kilomètres la bataille décisive, 80 prisonniers de la prison de Caen étaient froidement exécutés.

Côté français, je veux aussi parler des soldats du général Leclerc, qui ont activement participé à la bataille de Normandie. Enfin, il y a les 177 bérets verts du premier bataillon de fusiliers marins du commandant Kieffer. Ces soldats français furent les premiers, le 6 juin 1944, à fouler le sol de l’hexagone. Ces hommes, qui se sont illustrés de façon héroïque par la prise d’un bunker érigé par les Allemands à Ouistreham. Ouistreham, où se déroulera la cérémonie officielle internationale le 6 juin prochain. Quel plus bel hommage pouvait être rendu à ces combattants français !

Je veux plus particulièrement saluer Léon Gautier, l’un des illustres vétérans français du commando Kieffer, présent aujourd’hui dans les tribunes de l’Assemblée.

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