Intervention de Delphine Batho

Réunion du 30 avril 2014 à 16h15
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDelphine Batho :

Je salue également le rapporteur. Il n'y a, pour moi, pas de surprise dans ce que j'ai entendu. Le rapport contribue à démystifier le prétendu miracle économique qu'il y aurait derrière l'exploitation des gaz de schiste. Pour être clair, les États-Unis ont en réalité inventé le dumping environnemental. Dans les prix qui sont donnés, les dégâts environnementaux ne sont pas comptabilisés. Ces dégâts environnementaux seront supportés par la collectivité et par les générations futures. Ils sont considérables : 200 000 forages, 3 milliards de mètres cubes d'eau polluée avec un certain nombre de substances chimiques qui sont soit stockés dans les sous-sols, soit à l'air libre. C'est une réalité qui est passée sous silence dans le prix américain du gaz. De ce point de vue, l'étude de l'Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI), que vous avez évoquée, est intéressante sur le fait que seuls certains secteurs de l'économie américaine, qui représentent 1,2 % du PIB, profitent du faible coût du gaz. Il existe d'ailleurs des contradictions et des tensions entre le secteur de la chimie par exemple, qui en profite, et celui de l'extraction du gaz qui, en raison du faible prix, se retrouve face à un problème de surproduction et souhaiterait davantage exporter sa technologie. En revanche, je ne suis pas tout à fait d'accord avec l'expression « L'Europe, grande perdante de la révolution du gaz de schiste », que vous utilisez. Je pense qu'il est plus juste de dire que l'Europe subit aujourd'hui une concurrence déloyale sans réagir. C'est l'inertie européenne qui est un problème. Je crois personnellement qu'il faut refuser les gaz de schiste et la position de la France à cet égard, au niveau mondial, est très importante. La question de la fracturation hydraulique, c'est-à-dire celle de la technique d'exploitation, est absolument majeure. Ce n'est pas un sujet secondaire. Il en est de même pour la question de l'effet de serre car le bilan en matière de méthane de l'exploitation du gaz de schiste est bien plus catastrophique que ce qui est dit. Mais le problème pour l'Europe est d'avoir une alternative au gaz de schiste. C'est l'enjeu de la transition énergétique. De ce point de vue-là, je souscris entièrement à ce que dit le rapporteur. Nous avons besoin d'un choc de compétitivité pour les industries électro-intensives et gazo-intensives. Nous devons, dans le cadre de la transition énergétique, apporter une réponse à leurs problèmes. C'est l'enjeu aussi des débats actuels sur l'avenir de l'hydroélectricité.

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