J'adhère à ce qui a été dit par les intervenants précédents. Chez AREVA, nous faisons d'ailleurs la synthèse, à notre échelle, entre les préoccupations d'EDF et celles du CEA, puisque nous avons à la fois des déchets de moyenne activité à vie longue issus de traitements anciens et d'opérations de reprise et de conditionnement de déchets entreposés dans des silos, et des déchets industriels à haute activité résultant du traitement des combustibles d'EDF.
Les débats que nous avons en France sur le nucléaire et la gestion des déchets sont, sachez-le, suivis avec beaucoup d'attention par l'ensemble de la communauté internationale. Cigéo est une brique parmi celles qui concourent à l'édification d'un vaste dispositif de traitement des combustibles et de réduction des déchets issus du recyclage : le stockage définitif des déchets est une solution à laquelle toutes les personnes qui s'intéressent au nucléaire ont pensé, et l'on note une assez forte adhésion à nos travaux.
Dans les années qui viennent de s'écouler, beaucoup de choses ont été validées. La crédibilité de Cigéo sur le plan technique est désormais assurée, même s'il reste encore à faire, notamment en ce qui concerne le dimensionnement des installations souterraines. S'agissant des installations de surface, ce qui existe déjà prouve que c'est faisable, et il faudra utiliser au maximum les retours d'expérience disponibles. Tout cela démontre que les solutions retenues sont viables.
Se pose désormais le problème des coûts. Là encore, je suis d'accord avec ce qui a été dit : on ne peut pas, sur un projet de cette nature et de cette taille, engager des dépenses importantes sans adopter une approche par étapes, de manière à s'assurer que les problèmes techniques ont bien été résolus et que les dispositifs retenus sont validés, car il reviendrait trop cher, à la collectivité comme à nous, de revenir dessus. C'est d'autant plus important que le projet Cigéo fait partie d'une chaîne : s'il ne voyait pas le jour, la question du stockage resterait en plan. Voyez ce qui se passe aux États-Unis, où il n'y a ni traitement du combustible usé ni stockage des déchets : tout le monde se demande ce qu'il faut en faire, et des conflits ont même éclaté entre les électriciens et l'État. Vous, politiques, ne pourrez donc pas éviter de vous saisir de la question du devenir des déchets.
L'enjeu principal, pour nous, est l'optimisation : comment assurer le stockage définitif des déchets au coût le plus acceptable à la fois pour la société et pour les entreprises que nous sommes ?
Pour cela, il faut travailler encore sur les aspects techniques, et mettre en place un dispositif de gouvernance qui permette de réaliser sur le long terme les optimisations idéales. Ce n'est pas parce qu'une idée est soumise par un producteur de déchets qu'elle doit être rejetée ; de même, des solutions proposées par une autorité indépendante peuvent se révéler bonnes également du point de vue du producteur. Ce genre de discussion demande du temps, car il faut arriver à un compromis entre l'ensemble des parties.
Enfin, pour faire avancer le projet Cigéo, il faut utiliser au mieux les compétences existantes. Parmi celles-ci, j'insisterai plus particulièrement sur la logistique. Il faudra, en effet, trouver des solutions pour apporter les déchets sur le site et les entreposer en surface avant de procéder au stockage en profondeur. Pour ce faire, nul besoin de réinventer le monde ! Il suffit d'utiliser l'expérience acquise, puisque nous exploitons déjà à La Hague des installations similaires. Voilà un exemple concret d'optimisation du projet qui permettrait de mieux en maîtriser les coûts.
Pour résumer : nous pensons que Cigéo est indispensable, car c'est une condition nécessaire pour assurer la crédibilité d'un nucléaire qui dure, et qu'il est essentiel d'en optimiser les coûts, ce qui suppose la mise en place d'une gouvernance équilibrée, fondée sur le dialogue entre les producteurs de déchets, les responsables du stockage définitif et le régulateur.