C'est là un aspect sur lequel le déficit est considérable. Tout d'abord, le capital investi en transport et distribution, et le patrimoine industriel correspondant, est nettement plus important que celui consacré à l'outil de production lui-même. L'étude que Jean-Michel Charpin, René Pellat et moi-même avions réalisée pour le Premier ministre Lionel Jospin avait évalué ce patrimoine au triple de la valeur des centrales. Or ce patrimoine est à renouveler dans les trente à quarante prochaines années. Il s'agit donc là d'un problème majeur.
Il ne suffit pas de considérer, par exemple, que la production par des éoliennes suppose un réseau de distribution moins centralisé que celui que nous possédons actuellement, il faut aussi savoir quelle sera la quantité totale d'électricité à distribuer – la situation est différente s'il s'agit de 800 ou de 400 térawattheures, surtout dans une optique de renouvellement sur quarante ans. Dans mon étude, l'opération se justifiait davantage, d'un point de vue économique, par la diminution de la consommation d'électricité en 2050 que par le coût de production. Un travail important reste à faire sur l'outil de distribution et de transport, et cela d'autant plus qu'on oublie souvent de tenir compte de son renouvellement.