Intervention de Luc Chatel

Réunion du 6 mai 2014 à 17h00
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLuc Chatel :

Je remercie M. Leyrit pour sa présentation et pour le débat public qu'il a organisé. Le dossier Cigéo offre un exemple unique du rôle d'encadrement que peut être amené à jouer le Parlement à un moment où il est critiqué, voire contesté. Ce rôle mérite d'être valorisé.

Depuis vingt ans, nous naviguons entre deux écueils. Le premier consiste à « gober » sans résistance les arguments du maître d'ouvrage, si compétent soit-il – car nous avons besoin de contre-expertises, de jugements critiques et d'analyses. Le second écueil serait de rejoindre le front du refus. Ce serait irresponsable, car c'est bien d'un projet de responsabilité qu'il s'agit. Responsabilité vis-à-vis des générations futures, d'abord, que n'a pas eue la génération qui nous a précédés, puisqu'elle a lancé un programme nucléaire sans investir dans la recherche sur le traitement des déchets. (Approbations sur divers bancs)

Pour notre part, nous avons la volonté de résoudre ce problème, qui concerne les générations présente et à venir. Responsabilité en matière d'investissements industriels ensuite, au moment où nous lançons de grands emprunts sur les investissements d'avenir. Nous avons là un secteur majeur d'investissements industriels d'avenir, dans lequel nous disposons d'acteurs à la compétence mondialement reconnue. Nous le savons, nos grandes entreprises seront consultées sur des projets de ce type. Il appartient donc au Gouvernement de fixer un cap. On ne peut tergiverser sur un tel projet.

Ma dernière observation porte sur l'adhésion des populations. En vingt ans, les choses ont beaucoup changé. À l'origine, on a fait passer ce projet au forceps, en mettant en place des outils d'accompagnement économique. Aujourd'hui, les populations ne sont plus dans le même état d'esprit et attendent des réponses à leurs interrogations ; c'était tout l'enjeu du débat public : or elles ont restées sur leur faim. Comme vous l'avez dit, c'est le dispositif même du débat public qui doit évoluer. Celui-ci ne peut plus se résumer à de grandes réunions publiques devenues archaïques, a fortiori lorsqu'elles sont noyautées par des opposants farouches qui empêchent le débat public et laissent croire que c'est le pays qui remettrait le projet en cause.

Vos propositions sont les bienvenues. Elles nous invitent à revoir en profondeur notre façon de débattre des projets de société. Certes, le Parlement encadre ces derniers ; mais à l'heure d'Internet et des réseaux sociaux, il faut que les populations s'en saisissent dans une logique interactive permanente et déconnectée des excès.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion