Je précise que nos scénarios, pour 2030 comme 2050, ne prennent pas en compte les ruptures technologiques. Cela ne signifie pas que nous ne croyons pas à l'avènement de ruptures technologiques – l'ADEME soutient fortement l'innovation à travers les investissements d'avenir pour lesquels elle a déjà engagé plus de un milliard d'euros auprès d'entreprises françaises. Mais nous nous situons dans un exercice de prospective et non de prévision. Nous avons voulu montrer comment atteindre le « facteur 4 » avec le minimum d'incertitudes.
Ainsi, nous n'avons pas imaginé que les biocarburants de seconde génération, que nous soutenons, permettront à ce stade de développer un potentiel de carburants liquides plus important que les 3 millions de tonnes prévues pour 2030 parce que les surfaces ne seront pas nécessairement disponibles. Il en va de même pour le captage et le stockage de CO2 : des expérimentations sont en cours mais leur mise en oeuvre nous semble difficile. En revanche, si ces innovations devaient percer, elles permettront d'accroître la marge de manoeuvre.
Le problème du financement se pose principalement pour le résidentiel et les ménages. Les ménages investissent 30 milliards d'euros par an pour des travaux dans leur logement mais ces derniers ne sont pas orientés vers l'efficacité énergétique. Des outils et des incitations seraient nécessaires pour affecter ces sommes à l'efficacité énergétique. C'est un enjeu essentiel. En 2030, tous les logements n'auront pas été réhabilités au rythme actuel. Il faut prendre en considération l'ensemble de la période pour y parvenir.
S'agissant des transports, les gains attendus grâce aux nouveaux services de mobilité concernent principalement la période 2030-2050.
Quant aux modèles d'affaires des nouvelles activités, monsieur le président, vous avez évoqué le stockage. Mais dans les réseaux électriques intelligents, plusieurs modèles d'affaires sont possibles. Les démonstrateurs cherchent à identifier le modèle qui produira de la valeur ajoutée. Cela est vrai également pour l'agrégation des effacements. La France est dans ce domaine, avec 14 démonstrateurs, très en avance. Sur la mobilité, les modèles se cherchent encore. L'identification des modèles donnera de la flexibilité supplémentaire.
Dernier point sur les comportements, une récente conférence posait la question de savoir s'il est plus difficile de modifier les technologies ou les comportements. L'exemple de la mobilité servicielle montre que les deux se conjuguent : à Paris, on n'a pas modifié les comportements de manière volontariste mais l'offre technique a rencontré la demande des usagers car elle était plus pratique et moins coûteuse. Je suis donc mal à l'aise avec l'idée de modifier les comportements.