Après avoir publié un premier rapport confidentiel sur le sujet, nous avons décidé d'approfondir notre expertise – notamment à travers la création d'un laboratoire de recherche dirigé par M. Momal –, afin de réduire les marges d'incertitudes, qui demeuraient grandes.
Les scénarios étant en nombre infini, il convient tout d'abord de définir ce qui serait un accident de référence, d'un coût médian. Parmi les nombreux types possibles, nous en avons ciblé deux, avec rejets radioactifs : l'accident « grave » s'accompagne de rejets importants mais maîtrisés par l'exploitant, et l'accident « majeur », de type Fukushima, de rejets non maîtrisés. Les mécanismes de défense en profondeur et les procédures de sûreté rendent l'accident majeur très improbable ; aussi l'industrie nucléaire a-t-elle été prolixe sur cette probabilité, qui cependant n'est pas nulle – d'où le parti pris de nos travaux.
Un scénario d'accident doit évidemment prendre en compte l'environnement socioéconomique du département où est implantée la centrale, mais aussi la météorologie, par définition imprévisible longtemps à l'avance. Nous avons donc choisi un site français de référence, représentatif d'une situation moyenne, et, à partir d'un scénario d'accident, lancé nos simulateurs en y intégrant, au jour le jour, les données météorologiques réellement observées sur la zone tout au long d'une année antérieure. L'ensemble de ces données a été pondéré afin de constituer une moyenne.