Intervention de Jacques Repussard

Réunion du 10 avril 2014 à 16h00
Commission d'enquête relative aux coûts passés, présents et futurs de la filière nucléaire, à la durée d'exploitation des réacteurs et à divers aspects économiques et financiers de la production et de la commercialisation de l'électricité nucléaire

Jacques Repussard :

Fixer un chiffre maximal n'a pas de sens. Le coût de l'accident de Three Mile Island – une fusion du coeur sans rejet radioactif – n'a pas dépassé quelques milliards ; celui de l'accident de Fukushima atteindra peut-être le millier de milliards de dollars. Plutôt que de spéculer sur des minima et des maxima, il convient de s'en tenir à des chiffres médians, à partir desquels on peut définir des politiques publiques.

Sauf votre respect, monsieur le rapporteur, il ne faut pas confondre calcul statistique et calcul probabiliste. Le facteur de 10-5 – voire 10-6, selon certaines estimations – résulte de l'addition de fragments de probabilités portant sur des arborescences de causes susceptibles de provoquer la fusion du coeur – laquelle n'entraîne pas forcément un rejet radioactif. Ces calculs n'intègrent pas l'ensemble des variables. Le paramètre de l'interface entre l'homme et la machine, par exemple, est difficile à quantifier. Par construction, les probabilités affichées par l'industrie nucléaire sont donc minorées, même si ce n'est pas de beaucoup. Ces chiffres ne prennent pas non plus en compte les aléas extérieurs à la centrale, aléas que l'on peut donc représenter autrement – périodicité de retour d'un séisme, par exemple.

Il y a quelques années, monsieur le rapporteur, j'ai voulu dire la chose suivante : au vu du nombre de centrales exploitées dans le monde, le nombre d'accidents graves est statistiquement proche de celui que l'on constate pour d'autres grandes installations technologiques, telles que les raffineries. Dès lors, je m'interrogeais sur le fait de savoir si l'humanité était capable d'aller plus loin dans la prévention des risques technologiques. Je ne renie en rien ce calcul, mais le transposer à la France serait une faute mathématique. Votre calcul, par exemple, ne prend pas en compte les années écoulées, au cours desquelles il n'y a pas eu d'accident grave. De plus, beaucoup de mesures de prévention des risques ont été prises depuis la construction des centrales, notamment après les accidents de Tchernobyl et de Fukushima. Bref, votre multiplication oublie un certain nombre d'éléments.

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