Vos simulations sont construites à partir d'une vision très continuiste, ce que je peux comprendre. Toutefois, comment prenez-vous en compte l'engagement du Président de la République, confirmé dans la déclaration de politique générale du nouveau Premier ministre, de réduire à 50 % la part du nucléaire dans la production d'électricité en 2025 ? Quel que soit le nombre exact de réacteurs devant être fermés pour l'atteindre – la DGEC l'a évalué à une vingtaine –, un tel objectif ne peut qu'entraîner une modification significative de vos prévisions. En effet, les coûts d'investissements liés à la prolongation de la durée de vie des centrales ne seraient pas les mêmes en cas de réduction du parc.
De même, vos simulations ne tiennent pas compte de l'EPR, et prennent donc pour hypothèse la prolongation de la durée de vie des réacteurs existants. Or l'Autorité de sûreté nucléaire a précisé qu'une prolongation au-delà de quarante ans impliquerait l'élaboration d'un référentiel de sûreté spécifique, comparable en exigence à celui qui s'applique à la troisième génération. On sait que les réacteurs n'auront pas tous la capacité d'y répondre, ne serait-ce que parce qu'une enceinte de confinement s'use avec le temps – en particulier la cuve du réacteur, sous l'effet du bombardement neuronique – et qu'elle ne peut être remplacée. Il existe donc des risques de fractures, comme on l'a vu en Belgique.
Dès lors, le coût de la mise à niveau, en termes de sûreté, des réacteurs pourrait se révéler suffisamment important pour compromettre leur compétitivité, au point de conduire l'opérateur à renoncer à prolonger leur durée de vie alors même qu'il aurait été autorisé à le faire par l'Autorité de sûreté. Tous ces paramètres sont de nature à modifier la donne et rendent difficile toute projection à long terme. Ne peuvent-ils pas bouleverser vos scénarios ?
Vous avez parlé, dans un premier temps, de compteurs intelligents, puis cité dans un deuxième temps le cas de Linky. Selon vous, Linky est-il un compteur intelligent ? D'aucuns préfèrent l'expression de « compteur communicant ». Cet outil vous semble-t-il constituer une réponse en termes de maîtrise de l'énergie ?
Enfin, étant, comme moi, membre du Conseil supérieur de l'énergie, vous avez participé aux débats sur les tarifs d'utilisation des réseaux publics d'électricité (TURPE). J'aimerais connaître votre avis sur l'utilisation des réseaux : qui doit payer pour leur entretien ? Il s'agit d'un des éléments clés de la transition énergétique, au sujet duquel vous avez d'ailleurs formulé des propositions à plusieurs reprises.