EDF est l'un des partenaires du CEA dans la phase actuelle de développement du prototype ASTRID, d'une puissance de 600 mégawatts, pour faire la démonstration de sa sûreté et de son opérabilité puisque, comme vous l'avez souligné, la maîtrise complète du cycle s'impose. L'État nous a fait obligation de réunir un concours financier de l'ordre de 20 % des dépenses associées à la première phase, celle de l'avant-projet sommaire. EDF, comme AREVA et d'autres entreprises, est explicitement associée à cette démarche. EDF est aussi associée à la réflexion sur les différents scénarios possibles.
EDF est directement intéressée par ce projet. L'entreprise a la maîtrise de la technologie des réacteurs à neutrons thermiques, mais elle a aussi la responsabilité – cela a été évoqué ici même, en ma présence, il y a quelques jours – de la gestion du cycle.
Je l'ai dit, les combustibles usés peuvent être stockés en tant que tels ou recyclés. Aujourd'hui, un premier recyclage est possible et les MOX, mélanges de plutonium et de dioxyde d'uranium, peuvent être utilisés comme combustibles dans une vingtaine des cinquante-huit réacteurs à neutrons thermiques d'EDF. Cependant, ils ne peuvent être recyclés qu'une fois ; ensuite, la modification de la composition isotopique du plutonium issu de ce premier retraitement ne permet plus le maintien de la réaction en chaîne. Que faire, alors, du combustible MOX usé ? S'il est stocké en l'état, il faut prévoir le coût de son confinement pendant un temps très long et de la prévention de tout risque de criticité. EDF est donc intéressée par la démonstration technologique de la faisabilité de la solution précédemment évoquée, qui améliorerait grandement la gestion du cycle en réduisant considérablement la charge que représente la gestion du combustible usé. Voilà pourquoi le CEA et EDF travaillent de concert sur le plan technique, sur le plan conceptuel et sur le scénario propre à permettre l'utilisation de réacteurs à neutrons rapides.
Nous considérons qu'aussi longtemps que l'on pourra extraire de l'uranium naturel en quantité suffisante, les réacteurs à neutrons thermiques poursuivront leur activité ; la gestion actuelle du combustible usé continuera donc elle aussi. Or le MOX n'est pas une matière inerte : une partie du plutonium qu'il contient se transforme en américium, un radionucléide dont les caractéristiques radiologiques compliquent le traitement ultérieur du combustible usé. En outre, le MOX perd très vite ses qualités de producteur d'énergie, ce qui représente une perte considérable. Parce que l'on n'a pas intérêt à stocker les MOX usés pendant de trop longues périodes, EDF est potentiellement intéressée à ce que, parallèlement aux réacteurs de troisième génération, soient mis en marche quelques réacteurs de quatrième génération qui, après un temps suffisant de refroidissement du MOX, commenceront à brûler le plutonium extrait des combustibles MOX usés. Nous travaillons en collaboration étroite avec EDF à ce sujet.