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Intervention de Denis Baupin

Réunion du 10 avril 2014 à 12h00
Commission d'enquête relative aux coûts passés, présents et futurs de la filière nucléaire, à la durée d'exploitation des réacteurs et à divers aspects économiques et financiers de la production et de la commercialisation de l'électricité nucléaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaDenis Baupin, rapporteur :

Parlant de la toxicité du plutonium usé, vous avez évoqué deux solutions possibles : le stocker ou le recycler dans les réacteurs de quatrième génération. On pourrait aussi considérer qu'il faudrait éviter d'en produire, mais je conviens que ce n'est pas l'objet de notre discussion ce matin.

Les réacteurs de quatrième génération permettraient donc de recycler le plutonium et l'uranium. J'aimerais que vous précisiez ce qu'il en serait de la transmutation des autres déchets à haute activité et à vie longue (HAVL), car je crois comprendre que ces réacteurs ne permettent pas d'envisager cette hypothèse.

Vous avez expliqué que tous ceux qui, dans le monde, veulent mettre au point des réacteurs de quatrième génération ont retenu la solution des réacteurs refroidis au sodium. Cela signifie-t-il, selon vous, qu'aucune des autres options ne permettrait d'aboutir au cours de ce siècle ?

Aussi bien l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) que l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) estiment que si l'on se lance dans la construction de réacteurs de quatrième génération, un saut est nécessaire en matière de sûreté. L'ASN considère ainsi que la quatrième génération « doit apporter un gain de sûreté significatif par rapport à la troisième génération et qu'ASTRID doit permettre de tester effectivement des dispositions de sûreté renforcée ». Lesquelles de ces dispositions sont à l'étude au CEA, sachant par ailleurs que le caloporteur sodium n'est pas sans poser des problèmes, comme on l'a vu avec les réacteurs Phénix et Superphénix ? On sait la criticité induite par les réactions chimiques entre le sodium, l'air et l'eau. L'IRSN évoque plusieurs points qui méritent d'être réétudiés : les capacités d'inspection en service de l'installation compliquées par l'opacité du sodium, les accidents potentiels qui pourraient être induits par les coulées de matériau fondu et la possibilité de les maintenir en cuve, l'éventualité du déclenchement d'une explosion de vapeur de sodium et son ampleur, les interactions énergétiques entre sodium et combustible fondu et le transfert de radionucléides à l'enceinte de confinement… Ces questionnements donnent le sentiment que le refroidissement au sodium suppose des progrès de conception par rapport à l'EPR et que, de plus, cette technologie présente une dangerosité spécifique. À ces interrogations, quelles réponses pourrez-vous apporter, et dans quels délais ? L'avant-projet sommaire doit être terminé en 2015, mais l'IRSN considère que le dossier d'options de sûreté devrait être rédigé en 2014. Ce calendrier sera-t-il tenu ?

Si la question de la faisabilité scientifique est tranchée, la sûreté doit encore être améliorée, et il reste à connaître le coût de l'énergie ainsi produite – car s'il apparaît, au terme de la démonstration, qu'il est largement supérieur au coût d'autres modes de production de l'électricité, la question de la pertinence du projet peut se poser. Quelle est, selon vous, la compétitivité potentielle de la production des réacteurs de quatrième génération ?

Enfin, il existe une divergence de vues entre EDF et AREVA, qui visent la mise en service de réacteurs de quatrième génération au milieu du siècle, d'une part, et l'IRSN, qui envisage plutôt la fin du siècle, d'autre part. Lequel de ces calendriers nettement différents faites-vous vôtre ?

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