Intervention de Bernard Bigot

Réunion du 10 avril 2014 à 12h00
Commission d'enquête relative aux coûts passés, présents et futurs de la filière nucléaire, à la durée d'exploitation des réacteurs et à divers aspects économiques et financiers de la production et de la commercialisation de l'électricité nucléaire

Bernard Bigot, administrateur général du CEA :

Oui, s'ils ne contenaient que des produits de fission. La radioactivité du plutonium – qui constitue 1 % du combustible usé – décroît beaucoup plus lentement : à l'échelle d'un million d'années. Les actinides mineurs – américium, neptunium et curium – représentent, eux, 0,1 %. Conformément à la loi, le CEA est engagé dans la recherche sur leur transmutation. Mais le premier problème à traiter pour l'envisager est celui du plutonium : s'il n'est pas multi-recyclé, le problème demeure irrésolu et il n'y a aucune pertinence à penser transmuter l'américium. Il faut donc procéder par étapes. Aussi, le réacteur ASTRID est-il conçu pour multi-recycler le plutonium puis, une fois le multi-recyclage démontré, pour transmuter l'américium, produit à haute activité et à vie longue, en produit à vie plus courte.

J'en viens au calendrier qui doit permettre le développement industriel de ce réacteur au cours du siècle. Si l'avant-projet détaillé disponible en 2019 est robuste et qu'il satisfait certains des critères que vous avez évoqués, ce pourquoi nous sommes effectivement mobilisés ; si la décision politique est prise au bon moment ; si les moyens financiers sont réunis avec les intérêts potentiels associés, on construira ce démonstrateur technologique. On peut estimer qu'il y faudra six ans – sa durée de fabrication sera un peu plus courte que celle de l'EPR, dont il n'aura pas la puissance. On sera alors en 2025. Une dizaine d'années seront ensuite nécessaires pour démontrer les capacités de sûreté et d'opérabilité du prototype, explorer toutes les pistes de son optimum de fonctionnement et apprécier son économie ; cela conduira à 2035. À ce moment, le choix devra être fait de construire ou pas le premier réacteur de quatrième génération avec obligation d'opérabilité. Dans l'affirmative, il y faudra une dizaine d'années, et l'on sera au milieu de ce siècle, précisément le moment où les premiers combustibles MOX usés seront suffisamment refroidis pour que la démonstration soit faite qu'ils sont susceptibles d'être recyclés.

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