Intervention de Nicolas Boccard

Réunion du 30 avril 2014 à 10h00
Commission d'enquête relative aux coûts passés, présents et futurs de la filière nucléaire, à la durée d'exploitation des réacteurs et à divers aspects économiques et financiers de la production et de la commercialisation de l'électricité nucléaire

Nicolas Boccard, professeur associé d'économie, université de Gérone, Espagne :

Je l'estime à 64 dollars par MWh. Il faut prendre en compte non seulement le facteur de charge, mais aussi le coût du gaz naturel. Aux États-Unis, l'utilisation de la fracturation le rend très peu cher. Mais la ressource est trois fois plus chère en Europe et quatre fois au Japon. Ce dernier pays s'approvisionne uniquement en gaz naturel liquéfié – aucun pipeline ne le relie au continent –, ce qui l'expose à la férocité des producteurs.

En matière d'électricité d'origine éolienne, nous disposons maintenant de vingt ans de données. Les coûts aux États-Unis – où il y a plus de vent – sont légèrement inférieurs aux coûts européens. En Europe, l'éolien terrestre coûte aujourd'hui un peu plus cher que le nucléaire, mais il bénéficie d'une amélioration lente et constante puisqu'il gagne 1 à 2 % par an sur le coût du capital. Le nucléaire ayant tendance à se renchérir, le rapport de coûts entre les deux modes de production devrait s'inverser dans la prochaine décennie, comme cela s'est déjà produit aux États-Unis.

Je conclurai en évoquant quelques pistes pour le futur.

La France a beaucoup investi dans son appareil de production nucléaire. Remplacer ne serait-ce qu'un tiers ou la moitié du parc nécessitera des investissements considérables : il faudra, par exemple, implanter des milliers d'éoliennes supplémentaires, consacrer des départements entiers à la plantation de biomasse, ouvrir des dizaines de fermes hydroliennes, obtenir que des milliers de consommateurs participent aux programmes d'effacement, installer des centaines de stations de pompage… Bref, exploiter à grande échelle toutes les solutions possibles.

La grande force du charbon, du nucléaire et du gaz naturel est que l'on peut installer dans 1 km2 une puissance capable de servir Paris. Pour délivrer la même puissance avec de la biomasse, il faudrait couvrir toute la Bretagne. Le solaire et l'éolien sont eux aussi, quoique dans une moindre mesure, consommateurs d'espace. Si l'on veut remplacer une énergie très concentrée géographiquement par des énergies renouvelables, il faut donc se donner de la place. Il y aura inévitablement concurrence avec l'agriculture ou les loisirs. Dans le golfe du Lion, par exemple, le secteur du tourisme est très opposé à l'installation d'hydroliennes. Les conditions y sont pourtant très favorables et il est étonnant que la France n'ait pas choisi d'y développer ce type de production.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion