La dissuasion, c'est un effet de seuil : soit la dissuasion est crédible, soit elle ne l'est pas ; il n'y a pas d'entre-deux. Aujourd'hui, nous avons la conviction qu'elle est crédible pour ce qui concerne la France. Pour raisonner en termes de dissuasion européenne, il faudrait au préalable répondre à deux questions : celui de la définition des intérêts vitaux européens, et celui de la personnalisation de la dissuasion qui, partout où elle existe, s'incarne en une personne et une seule. Le mécanisme qui permet d'enclencher la dissuasion doit en tout état de cause être précis, rapide et fiable. Comment alors organiser une éventuelle consultation européenne préalable sans l'affaiblir ? La question mérite d'être posée.
Compte tenu de la situation budgétaire actuelle, je mesure combien la dissuasion nucléaire pèse aujourd'hui sur l'armement conventionnel. L'intégralité de la programmation a consisté pour nous à valider, domaine par domaine, les feuilles de route afin que nos capacités industrielles, y compris dans le domaine conventionnel, soient préservées. Mais le dispositif reste extrêmement tendu sur le plan financier et, anticipant sur le débat à venir, je puis vous dire qu'il ne supportera pas de grandes distorsions. La France a la chance de disposer d'une industrie de défense à la pointe de la technologie qui sait travailler, mais aussi exporter dans le domaine conventionnel. Ce secteur fournit de plus des emplois qui, en principe, ne sont pas délocalisables. L'investissement me semble être assez sûr pour la Nation.