Intervention de Général Pierre de Villiers

Réunion du 6 mai 2014 à 17h00
Commission de la défense nationale et des forces armées

Général Pierre de Villiers, chef d'état-major des armées :

Je mesure la réalité de la pression budgétaire au quotidien… En préparant le Livre blanc puis la LPM, nous avons défini un juste partage entre dissuasion et action, et entre budget consacré à la dissuasion et budget consacré aux forces conventionnelles.

Aux termes de la LPM, le nucléaire représente 12 % des ressources du budget de la Défense – 11 % en début de période et 14 % en fin de période, augmentation due en particulier aux premiers jalons du renouvellement de la composante océanique. Cela représente 0,15 % du PIB, contre 0,50 % pour la période 1984-1990. Il est prévu que ce chiffre atteigne 0,25 % du PIB à l'horizon 2025, au pic budgétaire du renouvellement des composantes. La part consacrée à la dissuasion nucléaire est par conséquent aujourd'hui bien moins importante, proportionnellement, que dans la seconde partie des années quatre-vingt. La LPM, en l'état actuel, nous paraît réaliste et pragmatique. Il n'y a pas d'arbitrage budgétaire, j'insiste, qui puisse être pris au détriment de l'agrégat nucléaire à court terme. Les deux milliards d'euros d'économies, précédemment cités et dont on ne parle pas suffisamment ont été trouvés, notamment en étirant le calendrier de la simulation. Mais on ne peut pas aller plus loin car il en va de la crédibilité permanente de la dissuasion.

La capacité nucléaire ne se réduit pas à la possession d'armes nucléaires : comme je l'ai indiqué dans mon exposé, c'est un tout, véritablement une chaîne. Quand je suis arrivé aux États-Unis, à l'invitation de mon homologue, j'ai clairement mesuré que j'étais le CEMA d'une puissance nucléaire, qui plus est d'une puissance nucléaire crédible. C'est également le cas quand je me rends à l'OTAN. L'Alliance a réaffirmé qu'elle était une alliance nucléaire dans son concept stratégique de 2010. La France y est reconnue comme la deuxième puissance nucléaire. Et il se trouve toujours un moment où les puissances nucléaires se réunissent entre elles – les États-Unis, le Royaume-Uni et nous. Autrement dit, la capacité nucléaire n'est pas le seul déterminant de la puissance d'un État mais en ce qui concerne notre pays, elle y contribue. Incontestablement. Le choix de la dissuasion nucléaire a un coût, évidemment : 3,5 milliards d'euros en début de période et 4,5 milliards en fin de période. Mais comme en toute chose, ce coût doit être mis en perspective – je pense à ce qu'il représente dans le budget de l'État – et considéré au regard de ce qu'il apporte. En termes de statut, d'influence et d'effet à obtenir sur le plan militaire. Soyons clairs : sans cette capacité, les armées françaises ne bénéficieraient pas de la même considération.

En tant que responsable de la coopération militaire avec l'Allemagne, j'ai de nombreux contacts avec mes homologues. Pour ce qui est de la puissance et des moyens militaires associés, il vaudrait la peine de leur poser la question. J'ai du reste proposé à M. Le Drian de venir avec mon homologue allemand devant votre commission puis d'aller devant la commission équivalente du Bundestag, afin que nous évoquions ces questions.

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