Intervention de Martial Saddier

Réunion du 23 octobre 2013 à 16h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaMartial Saddier :

Les députés UMP, qui soutiennent le projet, émettront un avis favorable au texte qui nous est soumis.

Je rappellerai en leur nom que la construction européenne représente l'un des grands projets humains du siècle dernier et du siècle présent. Né des pires moments de notre histoire, il nous a apporté depuis près de 70 ans un bien inestimable : la paix. Or le projet européen s'est construit sur les échanges, de biens et de personnes. Il s'est fondé sur des politiques, dont la politique agricole commune, mais aussi la politique monétaire, qui nous permet aujourd'hui de traverser l'Europe en utilisant une seule et même monnaie. Il n'a pu se bâtir et ne pourra se développer sans infrastructures de transport compatibles entre elles, qu'elles soient destinées aux personnes ou aux biens.

La situation géographique de la France la place au coeur des grands projets d'infrastructures du siècle à venir – transport de biens, de personnes, d'énergie, et nouvelles technologies. Il est conforme à l'intérêt de l'Europe et au nôtre que nous nous investissions sans réserve dans ces projets qui peuvent contribuer à bâtir le fabuleux destin de la communauté de vie européenne. Tel est le sens de l'engagement de quatre Présidents de la République successifs et des différentes majorités au pouvoir, qui n'ont eu de cesse de défendre, depuis vingt ans, le projet dont nous discutons.

La pollution de l'air est l'une des principales causes de mortalité en Europe, sans parler du bruit – deux facteurs directement liés aux transports. En France, 36 % des émissions de gaz à effet de serre proviennent des transports. Et pourtant, 8 % seulement du fret est assuré par voie ferroviaire.

L'étude d'impact le rappelle : le massif alpin constitue un espace stratégique pour les déplacements des personnes et les flux de marchandises en Europe, mais demeure une zone fragile. Quatre axes supportent les trafics dans les Alpes franco-italiennes entre le lac Léman et la Méditerranée : le tunnel routier du Mont-Blanc – Mont-Blanc dont j'ai eu pendant dix ans l'honneur d'être le député ; je salue Mme la députée-maire de Chambéry –, l'autoroute côtière A8, qui traverse notamment l'agglomération niçoise – l'ensemble de l'arc alpin est touché –, la voie ferrée historique empruntant le tunnel du Fréjus, la ligne ferroviaire côtière. Je n'oublie pas nos amis des Vosges, d'Alsace et du Jura, eux aussi concernés par les problèmes de transport de marchandises.

Dans ces échanges, le mode routier est très prépondérant. Or la concentration des flux de poids lourds sur quelques axes entraîne des nuisances et fragilise dangereusement le système de transport. Permettez-moi d'évoquer ici solennellement la mémoire des 39 victimes de l'accident du tunnel du Mont-Blanc, qui a marqué notre pays et donné un nouvel élan à la sécurisation des tunnels. N'oublions pas non plus l'accident du tunnel routier du Fréjus, en 2005, ni l'énorme éboulement rocheux survenu en 2006 sur l'autoroute A8. Ils montrent qu'en l'absence d'une alternative ferroviaire performante et de capacité suffisante, seule une réduction des trafics à travers les passages alpins ou un fort détour des trajets permettraient au système de fonctionner, mais sans fournir une solution durable.

Je comprends et je respecte ceux qui ont des doutes, ceux qui s'inquiètent du financement. Oui, ce projet est coûteux ; mais ce coût doit être rapporté aux enjeux qui viennent d'être évoqués. Nous devons en faire un grand projet européen, et non simplement national, de transport des marchandises et des personnes. D'autres, avant nous, se sont interrogés au moment de créer de grands aéroports ou des lignes de TGV ; nous nous sommes posé les mêmes questions lorsque nous avons envisagé de lancer de grands projets d'infrastructures à très haut débit. À titre personnel, je pense – et je sais que ce sentiment est largement partagé sur tous les bancs de notre Assemblée – que ceux qui seront à notre place dans quarante, cinquante ou soixante ans nous remercieront d'avoir soutenu le Lyon-Turin.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion