Merci, madame la rapporteure, pour votre présentation enthousiasmante du projet.
Rappelons d'abord que le projet Lyon-Turin est destiné à capter la totalité des trafics entre le Léman et la Méditerranée, qui concernent aujourd'hui 2,7 millions de poids lourds, ce qui représente une économie potentielle de 2 millions de tonnes de gaz à effet de serre par an sur la seule section Lyon-Turin. À titre de comparaison, il reste aujourd'hui sur les routes suisses 1,2 millions de poids lourds, un trafic que l'ouverture du tunnel du Gothard allégera bientôt encore davantage. Les Alpes françaises ne sont pas protégées, contrairement aux Alpes suisses et autrichiennes. Or nous devons cette protection aux générations futures.
Ensuite, comme l'a dit la rapporteure, il est illusoire de croire que l'on pourrait moderniser la ligne existante. Les lourds travaux – de l'ordre d'un milliard d'euros – réalisés sur la ligne historique entre Dijon et Modane ne l'ont pas rendue plus attractive ni plus compétitive, pour une raison très simple : à partir de Saint-Jean-de-Maurienne, les pentes sont excessives, elles mènent à un tunnel situé à 1300 mètres d'altitude, et, malgré le renfort de locomotives de traction, l'accès reste très difficile. Partout ailleurs, on creuse des tunnels de plaine. Tel est bien le sens du traité qui nous est soumis : la construction d'un tunnel de plaine, gage de haute capacité puisqu'il permettra d'atteindre l'objectif de 40 millions de tonnes de trafic sous les Alpes. Partout ailleurs, les lignes historiques qui peuvent être modernisées en vue du transport de marchandises se situent à 300 mètres d'altitude au maximum. Partout ailleurs, lorsqu'il existe des tunnels de crête, l'on fait le choix – coûteux, certes – de tunnels de base.
Rappelons qu'en amont de ce tunnel très difficile, on trouve sur la ligne historique, entre Culoz et Aix-les-Bains, deux voies, il est vrai, mais qui passent en surplomb du lac du Bourget – or qui prendra la responsabilité d'une pollution par un accident ou un déraillement sur ces lignes anciennes ? – et, sur l'autre accès, 43 kilomètres de voie unique entre Saint-André-le-Gaz et Chambéry.
Enfin, je suis tout à fait d'accord avec M. Martial Saddier à propos de la dimension européenne et de l'enjeu économique du projet, auquel on ne saurait rester insensible : avec les tunnels suisses, les trafics s'opèrent aujourd'hui entre l'Italie et l'Allemagne plutôt qu'entre la France et l'Italie.