Intervention de Corinne Erhel

Réunion du 14 mai 2014 à 9h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCorinne Erhel, rapporteure :

Comme j'ai eu l'occasion de le souligner à plusieurs reprises, Le numérique modifie en profondeur notre société, notre économie dans son ensemble et nos territoires. C'est une réalité dont chacun ne prend pas nécessairement la mesure notamment sur le plan économique. Le numérique pose en effet un défi aux entreprises traditionnelles, petites, moyennes et grandes, en transformant radicalement tous les secteurs de l'économie, et en imposant de profondes mutations sur leur fonctionnement même. La question de l'adaptation des compétences revêt une importance cruciale, afin de répondre aux enjeux de conversion numérique et formation des jeunes générations. Aujourd'hui, aucun secteur ne peut se dire que la transformation numérique ne le concerne ou ne le concernera pas. Certains ont toutefois été gagnés plus rapidement que d'autres par la transition, ou ont compris la nécessité d'opérer des changements de fond.

Ainsi, on peut considérer que des secteurs comme l'audiovisuel, le tourisme et la distribution ont déjà connu un bouleversement de fond lié au numérique. Prenons l'exemple de l'audiovisuel. Sans rentrer dans le débat autour du téléchargement illégal, le modèle même de la télévision classique, qui propose, tout au long de la journée, des programmes imposés à l'auditeur, n'est plus qu'un aspect d'une offre beaucoup plus diversifiée à l'heure de la télévision à la demande. Une entreprise comme Watchup, dont nous avons rencontré le fondateur à San Francisco, propose ainsi aux utilisateurs de concevoir leur propre journal TV à partir des informations qui les intéressent réellement.

De façon moins affirmée, le paiement, est en cours de bouleversement, avec le paiement mobile mais aussi le paiement sans contact. Il en va de même des transports, où l'introduction de la géolocalisation - c'est l'exemple des VTC – a entraîné de profonds changements. L'économie numérique a également vu l'émergence de l'économie du partage, dans laquelle la possession ne constitue plus le but ultime – je pense au covoiturage ou aux voitures en libre-service.

Enfin, il y a des secteurs qui sont touchés et pour lesquels l'impact du numérique sera encore plus important. Je pense d'abord à l'enseignement supérieur. Le développement des MOOC permet à chacun d'accéder en ligne au savoir et à des formations de très haut niveau. La France a d'ailleurs lancé plusieurs initiatives sur ce segment d'activité. De plus, de nouvelles écoles, comme l'École 42 ; fondée par Xavier Niel, offre une formation reposant la créativité et la sensibilité et accueillant des personnes dont le parcours scolaire peut être compliqué au regard des standards en vigueur. Ensuite, le développement des objets connectés témoigne de l'irruption croissante du numérique dans le domaine de la santé. Les rapports de chacun avec la médecine sont modifiés, ce qui n'est pas sans poser des questions, notamment sur la protection des données.

On le voit bien, tous les secteurs traditionnels sont touchés et, nous en sommes toutes les deux convaincues, ce n'est pas en élevant des digues de sable pour se protéger que l'on parviendra à gagner un certain nombre de batailles. Il faut plutôt faire preuve d'innovation et amener l'ensemble de nos acteurs économiques et publics à saisir l'opportunité que représente le numérique.

J'insiste à nouveau, car il s'agit d'un élément fondamental pour moi, sur le caractère essentiel de faire une de notre système de formation initiale et continue et de l'adaptation des compétences une priorité afin de nous adapter à ce monde qui change de façon très rapide et qui repose sur d'autres modèles de pensée.

Le numérique est un vecteur de croissance et aurait contribué à hauteur de 72 milliards d'euros au PIB de la France en 2010. Par ailleurs, la part du numérique dans la croissance française atteint déjà 25%. Il est donc essentiel de prendre en compte son impact sur tous les secteurs et les entreprises.

Le numérique modifie la façon de travailler et renouvelle le fonctionnement interne même des entreprises. Il faut aller vite, de plus en plus vite et c'est la vitesse du déploiement d'un projet qui conditionne sa réussite. Il est fondamental aujourd'hui de ne pas aller à l'encontre de ces évolutions mais d'agir au lieu de se réfugier derrière des digues de sables. La conversion numérique est un enjeu essentiel pour le développement de nos territoires et de notre économie et la conversion des TPE et des PME est essentielle alors que la pénétration du numérique dans ces entreprises demeure faible au regard des pratiques constatées dans les autres pays. Mais ne perdons surtout pas de vue que si le numérique est un levier de croissance, il représente surtout une possibilité d'améliorer considérablement le quotidien de chacun.

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