Intervention de Corinne Erhel

Réunion du 14 mai 2014 à 9h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaCorinne Erhel, rapporteure :

Il est aussi essentiel de faciliter la création d'un environnement propice à l'économie numérique en France et nous avons ainsi pu tirer profit de nos rencontres aux États-Unis, au Royaume-Uni ou en Asie. Notre déplacement en Californie nous a permis de mieux appréhender la Silicon Valley, et les recettes de sa réussite qui repose principalement sur le regroupement des compétences, du financement et des innovateurs. Mais il faut également prendre en compte le revers de la médaille : en raison de salaires très élevés dans les entreprises technologiques, le prix des loyers a explosé à San Francisco et comme certains articles l'ont récemment souligné, il y a eu une forte contestation dans la baie de San Francisco. En France, nous avons la chance de disposer de plusieurs écosystèmes sur tout le territoire, avec des incubateurs et des accélérateurs présents non seulement en région parisienne mais aussi beaucoup en régions. Par exemple, en Rhône-Alpes, il y a un pôle de compétitivité, un institut de recherche technologique (IRT), des établissements d'enseignement supérieur et de nombreuses start-up. De même en Bretagne, où 44 000 emplois sont concernés par le numérique. La région accueille un pôle de compétitivité, Images et Réseaux, un IRT, des établissements d'enseignement supérieur et de nombreuses entreprises. La richesse de la France, c'est justement ses territoires performants. Cette spécificité doit absolument être conservée de mon point de vue. Bien sûr il faut assurer la visibilité à l'international de notre pays, mais sans oublier que la richesse et l'innovation sont présentes dans les territoires également.

Afin d'améliorer les choses, nous avons formulé un certain nombre de propositions. Alors que de nombreuses initiatives ont été lancées pour accompagner les start-up, il faut évaluer ces politiques et les incubateurs et accélérateurs qui bénéficient de soutien public pour identifier les solutions les plus efficaces. Par ailleurs, nous pensons qu'il faudrait également évaluer les pôles de compétitivité sur leur capacité à faire émerger les pépites et, à l'initiative de Laure de La Raudière, nous souhaitons inciter les grands groupes à désigner un fondateur de start-up au sein de leurs conseils d'administration. En effet, si le numérique percute le modèle des TPE et PME, il touche aussi les grands groupes et certains ont des difficultés à prendre le virage du numérique suffisamment rapidement. Bien évidemment le chantier du très haut débit est un élément important. Il s'agit d'un enjeu industriel majeur mais également d'un enjeu d'aménagement du territoire. Aux États-Unis ou en Asie, tout va extrêmement vite tant sur le fixe que sur le mobile. Pour se différencier et se développer, les entreprises ont besoin de réseaux qui tiennent. À ce titre l'expérience australienne est intéressante. Initialement, l'objectif était de couvrir le territoire en fibre optique. À la suite d'un changement de majorité, il a été décidé de s'orienter vers un mix technologique intégrant la montée en débit et le satellite.

Il est aussi essentiel d'assurer le financement de l'économie numérique. Au départ, les entrepreneurs sollicitent leur famille et leurs proches puis des business angels dans la phase d'amorçage. Enfin, interviennent les acteurs du capital-investissement, c'est-à-dire la prise de participation en capital dans des entreprises non cotées. On distingue le capital-risque en phase de post-amorçage et le capital-développement qui prend le relais. Nous avons réalisé, au fil de nos auditions, que les fonds d'investissement apportent bien sûr du capital, mais ce qui fait la valeur et la qualité d'un fond, c'est l'accompagnement, le réseau, le conseil et l'aide au recrutement ou à la prise de décision stratégique. En France la phase d'amorçage est bien couverte, grâce à des financements publics et privés. Mais nous souffrons d'une mais lacune dans la phase de post-amorçage et dans la phase de développement. Les investisseurs sont trop peu nombreux et la structuration des fonds repose encore trop souvent sur des fonds publics nationaux ou européen, alors qu'aux États-Unis les financements sont exclusivement privés. À l'occasion de l'examen du rapport sur la stratégie numérique de l'Union européenne, nous avions soutenu la proposition de Fleur Pellerin de constituer des fonds de fonds paneuropéens. Nous encourageons également à l'adoption de programmes comme l'initiative Yozma menée en Israël. Par ailleurs, pour parfaire le soutien public, il faudrait développer les concours, renforcer l'innovation de rupture dans la commande publique, et évaluer davantage nos dispositifs de soutien public. Le manque d'évaluation constitue souvent l'une des carences en France.

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