Il faut, en effet, bien évaluer le coût complet de façon à s'assurer que l'argent nécessaire sera disponible le moment venu. Je dis simplement qu'il faut mettre à jour régulièrement ce résultat – peut-être plus régulièrement qu'on ne l'a fait jusqu'à présent –, à mesure que nous allons progresser dans nos études. Le dernier chiffrage officiel date de 2005, le prochain est attendu pour 2014 ; une fréquence plus élevée permettrait de réduire la pression et de rendre plus douces les corrections à apporter.
Il faut plusieurs années, monsieur Sordi, pour construire les ouvrages en béton destinés à sceller les alvéoles. C'est un chantier lourd.
S'agissant des retombées pour le territoire, les producteurs, EDF, AREVA et le CEA, versent à des groupements d'intérêt public, via une taxe, 30 millions d'euros par an et par département pour l'accompagnement économique. Cet argent est réparti sur le territoire, sous le contrôle du président du conseil général, en fonction de projets et de décisions d'investissement.
En ce qui concerne la génération IV et la possibilité de réutiliser les matières nucléaires, je me dois d'être parfaitement claire. Les travaux menés par le CEA sur la séparation-transmutation ont fait l'objet d'un bilan complet public, dont vous avez probablement eu connaissance. Mais tout ce que l'on peut entendre au sujet de l'usage de cette technologie pour réduire le volume de déchets à stocker en profondeur ne concerne que les déchets du futur, ceux qui seraient produits par le parc de quatrième génération, dans la mesure où sa création serait autorisée. En effet, le travail effectué par le CEA dans le cadre du projet ASTRID (Advanced Sodium Technological Reactor for Industrial Demonstration) a pour objectif de séparer et transmuter les radioéléments pendant la fabrication même de l'électricité. En aucun cas, ces travaux ne peuvent avoir de conséquences sur le projet Cigéo tel que nous l'élaborons. Il ne faut pas imaginer que l'on pourra extraire les déchets vitrifiés entreposés à la Hague de leurs colis en inox, les fondre à nouveau et les réutiliser.
Je profite toutefois de votre question pour insister sur un point : s'il faut, en effet, travailler sur les déchets du futur, il convient également d'accentuer les efforts de recherche et développement sur les déchets du présent. À cet égard, je salue le projet lancé par AREVA à partir de technologies du CEA et soutenu très fortement par l'ANDRA dans le cadre des investissements d'avenir, pour lesquels le Parlement a bien voulu nous donner une dotation de 75 millions d'euros. Il permet de travailler sur un prototype de traitement et de fusion de déchets de moyenne activité à vie longue – ceux de Melox – afin d'en réduire les volumes, permettant ainsi à tout le monde de faire des économies.
De même, l'ANDRA a proposé au Gouvernement un appel à projet, en lien avec l'Agence nationale de recherche, pour stimuler la gestion optimisée des déchets de démantèlement. En matière de recherche et développement sur les déchets, tous les efforts ne doivent pas porter sur le centre de stockage et sur les déchets de haute activité et de moyenne activité à vie longue. Il faut aussi s'occuper des déchets d'exploitation ou de démantèlement – ces derniers sont peu dangereux, mais représentent de très gros volumes. Pour l'instant, la mission confiée à l'ANDRA ne concerne que le stockage, mais je pense que nous sommes les mieux placés pour stimuler les recherches sur ces solutions de fin de cycle.