Il n'est pas anormal que les acteurs économiques cherchent à optimiser leurs gains.
Cette situation bien connue est la conséquence d'un pilotage macroéconomique dont il faut bien reconnaître qu'il est imparfait et qu'il induit des dépenses qui ne sont pas toujours justifiées, notamment au regard des référentiels de transport qui ont été mis en place progressivement. Les chiffres que j'ai donnés montrent que nous avons plutôt développé le transport de malades assis que le transport de malades couchés. N'oublions pas non plus que le nombre de malades susceptibles d'être transportés s'accroît.
Nos études montrent que ce sont les transports itératifs qui coûtent le plus cher. Ainsi, l'insuffisance rénale chronique est l'une des sources de dépense les plus importantes : 17 % des dépenses concernent en effet des patients dialysés. En l'occurrence, nous connaissons la bonne stratégie, mais nous rencontrons, collectivement, des difficultés pour la mettre en oeuvre : il faudrait développer la greffe avec donneur vivant, à l'instar de certains pays, notamment du nord de l'Europe. C'est la solution qui offre au patient la meilleure qualité de vie, et c'est sans doute aussi la solution la plus économique médicalement – la Haute Autorité de santé est en train de le vérifier – et en termes de transports puisque les patients n'ont plus besoin d'aller se faire dialyser. Par ailleurs, et bien que ce soit une priorité pour les ARS, nous n'avons pas suffisamment développé la dialyse péritonéale, une très bonne technique qui supprime tout à fait le besoin de transport. À terme, on peut espérer le développement de l'auto-dialyse : là non plus, il n'y aurait plus de transport. L'évolution des techniques médicales et l'optimisation de la prise en charge compte tenu des coûts peuvent donc faire diminuer de façon substantielle les besoins de transport.
Les coûts de transport des patients dialysés varient très substantiellement entre les territoires, allant de 9 300 euros à 30 000 euros, sachant que le montant moyen des remboursements de transports s'élève à 13 000 euros par an et par patient. Cela s'explique facilement : le coût le plus élevé correspond aux patients résidant en Creuse, qu'il faut transporter soit à Clermont-Ferrand, soit à Limoges. La CPAM de la Creuse travaille donc, en liaison avec l'ARS, pour mettre en place, dans des conditions satisfaisantes, un poste de dialyse à Guéret. C'est tout le problème de l'organisation d'une offre de soins de bonne qualité.