Quelle est votre analyse de la situation réelle d'Alstom ? Son avenir industriel est-il vraiment menacé, ou bien les préoccupations à son égard relèvent-elles d'une vision à court terme privilégiant la rentabilité financière ? Dans ce dernier cas, il faudrait trouver d'autres moyens d'intervention.
Vous avez souligné, avec raison, le caractère stratégique de la branche énergie du groupe, y compris s'agissant de certaines de ses activités satellites. Je rappelle par ailleurs qu'il dispose de la plus grande expérience nucléaire au monde et qu'il est présent dans tous les domaines de la production et du transport d'électricité. C'est donc bien la souveraineté nationale qui est en jeu : le rachat d'Alstom par un groupe étranger serait d'une extrême gravité, en particulier s'il est américain.
On peut difficilement être opposé à l'action très volontariste qui consiste à définir les secteurs stratégiques à protéger : pour ma part, je juge donc très positivement le décret du 14 mai. Pour autant, il ne suffit pas à constituer une politique industrielle. Si on en reste là, on donnera l'impression de prétendre résoudre, par une simple décision réglementaire, un problème beaucoup plus profond et crucial.
Que pensez-vous, monsieur le ministre, de l'hypothèse d'une appropriation sociale du groupe ? Je ne parle pas d'une nationalisation – du moins dans son acceptation ancienne –, mais d'une ouverture du capital d'Alstom, non seulement à l'État, mais aussi à ses grands clients publics, en particulier français. Avez-vous envisagé sérieusement cette éventualité, ce qui devrait être la marque d'une politique de gauche ?