Intervention de Carlos Tavares

Réunion du 21 mai 2014 à 9h30
Commission des affaires économiques

Carlos Tavares, président du directoire de PSA Peugeot Citroën :

Je vais bien évidemment accéder à votre demande, au risque d'être moins respectueux à l'égard des parlementaires…

Pour ce qui est d'Aulnay, PSA tient parole, je voudrais que vous en soyez convaincus. Le dossier est suivi de façon quasi-hebdomadaire au plus haut niveau du groupe. Sur les 3 000 salariés concernés, 2 800 ont été reclassés. Il y a eu 1 000 mobilités internes, dont 600 à Poissy, 1 800 mobilités externes et 600 congés senior, congés de reclassement ou départs en retraite. À l'heure où je vous parle, nous accompagnons encore 190 personnes, sur lesquelles 107 ont accepté un dossier en cours de finalisation. Sur 3 000 salariés, il n'y en que 88 qui, pour l'instant, n'ont pas accepté les propositions qui leur ont été faites, pourtant très raisonnables à la fois en nature de travail et de lieu géographique proposés. Je surveille cela de près, et le directeur des ressources humaines suit cela personnellement chaque semaine. Je ne sais si cela vous rassurera, mais je tiens à vous dire que le dossier est traité au plus haut niveau de l'entreprise, avec un souci extrêmement fort de respecter nos engagements.

J'en viens aux sujets touchant à l'international. Le Brésil est un pays où nous devrions être capables de gagner de l'argent. Ce n'est pas le cas actuellement pour diverses raisons, liées à la qualité du sourcing, à l'insuffisante profondeur d'intégration locale, à la performance de nos usines, et dans certains cas, à l'inadaptation des produits pour ce marché. Le redressement économique de notre plaque Amérique latine est en cours. La situation en Argentine nous a pénalisés cette année, de même que l'affaiblissement du real brésilien. Malgré ces vents contraires et bien que nous n'ayons pas lancé de nouveaux véhicules, la rigueur de notre gestion et la valorisation de nos produits sont en train de porter leurs fruits.

Cela est également valable pour la Russie. Je ne vous ferai pas l'injure de vous décrire les vents contraires qui y soufflent. Mais nous progressons dans la bonne direction. Nous nous sommes engagés à revenir dans le positif sur les marchés brésilien et russe avant 2017. C'est très important d'abord parce que ces pertes nous pénalisent aujourd'hui sur le plan économique, ensuite parce que nous devons démontrer notre capacité à être rentables hors d'Europe, comme c'est le cas, et de manière substantielle, en Chine.

Pour ce qui est de General Motors, notre approche est très pragmatique, presque terre-à-terre. C'est gagnant-gagnant. Nous avons trois projets avec le groupe américain. Ils portent sur le partage de divers investissements et l'utilisation croisée de plates-formes pour produire trois véhicules. Sur les trois, deux sont fabriqués dans les usines de PSA. Comme je l'ai dit à mon homologue de General Motors, il est de notre intérêt bien compris que ces trois projets atteignent leurs objectifs en matière de coûts, de recettes, de qualité… de façon que PSA et GM soient tous deux satisfaits de l'expérience et que de l'appétit puisse se manifester ensuite pour en faire davantage. C'est le succès des projets actuels qui dictera ce que nous ferons ou non par la suite.

L'Iran était une excellente opportunité pour PSA qui y a expédié jusqu'à 455 000 kits de pièces détachées et pièces de rechange en 2011. La situation actuelle nous pénalise gravement puisque nous avons perdu la quasi-totalité de ces ventes. Sous couvert des négociations ayant eu lieu à Genève en janvier dernier, nous avons repris contact avec nos partenaires iraniens, reconstruit un plan, rétabli une convergence d'intérêts pour être en situation de redémarrer l'activité dès que les pouvoirs publics nous donneront le feu vert et que les sanctions à l'encontre de ce pays auront été allégées. Ce n'est pas le cas pour l'instant où nous en sommes réduits à des contacts, des discussions qui ne peuvent se traduire concrètement. Pour le sort des sanctions, une étape importante aura lieu en juillet. Il est de l'intérêt de PSA et de la France que nous puissions reprendre nos activités sur le marché iranien, qui a un fort potentiel de croissance rentable.

Vous m'avez interrogé sur un sujet qui m'est cher, la compétition automobile. Je ne connais pas de constructeur automobile mondial qui soit engagé en même temps et avec autant de succès dans un championnat du monde des rallyes, comme l'est Citroën, qui, depuis le début de la saison, est monté trois fois sur le podium, dans un championnat du monde des véhicules de tourisme sur piste où nous avons remporté cinq courses sur cinq. Notre performance est donc tout à fait remarquable. J'en profite pour féliciter l'équipe de Citroën Racing qui réalise un travail exceptionnel. Par ailleurs, comme nous l'avons annoncé, Peugeot sera de retour sur le Dakar en janvier 2015. Nos succès sportifs doivent demeurer un outil de promotion de la valeur de nos marques, notamment sur les marchés où nous connaissons une croissance rentable. Au-delà, je cherche à ce que nous déployions partout dans notre entreprise l'esprit de compétition qui existe chez Peugeot Sport et Citroën Racing et qui doit être le nôtre pour que nous puissions nous battre efficacement avec nos concurrents.

Un dernier mot sur Dongfeng, qui est lié par des joint-ventures avec d'autres constructeurs, notamment Honda, Kia, Nissan et Renault. Dès le premier jour de mon arrivée dans le groupe, on a sollicité mon avis sur les négociations en cours avec le constructeur chinois. J'ai toujours considéré que la présence de Dongfeng au capital de PSA était un facteur positif et stratégique. Qu'il soit l'un de nos actionnaires nous place de facto dans la position de partenaire privilégié sur les marchés chinois et du Sud-Est asiatique. Chaque fois que nous connaissons une croissance rentable, comme c'est le cas très fortement début 2014 en Chine, et chaque fois que notre joint-venture en Chine fait des profits, ceux-ci se répartissent pour moitié entre Dongfeng et PSA. Dongfeng a tout intérêt à nous aider en Chine, d'abord parce qu'il gagne ainsi lui-même plus d'argent sur ce marché, ensuite parce que si PSA se redresse, notamment grâce au marché chinois, sa participation dans le capital de PSA elle-même se valorise. Être ainsi le partenaire privilégié de Dongfeng en Chine nous protège aujourd'hui et pour l'avenir puisque le marché chinois est celui qui a le plus fort potentiel de croissance au monde. Il est indispensable que nous y soyons bien accompagnés et épaulés. Alors que tant que nous avons une dette importante, nos possibilités d'investissement s'inscrivent dans un cadre strict, les fonds disponibles de notre joint-venture en Chine nous permettent en outre d'investir sur les marchés du Sud-Est asiatique, Or, la Malaisie, l'Indonésie, la Thaïlande sont des marchés intéressants pour nous et sur lesquels nous sommes très peu présents. C'est pourquoi le choix de Dongfeng, au-delà de l'histoire commune nouée avec ce partenaire depuis vingt ans, est particulièrement pertinent.

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