L’industrie aéronautique est un atout qu’il nous faut préserver. Je voudrais vous interroger sur deux points. À long terme, tout d’abord, c’est-à-dire dans quinze ou vingt ans, le duopole Airbus-Boeing n’existera plus. Les Brésiliens, les Chinois et, dans une moindre mesure, les Russes s’organisent pour parvenir à fabriquer et à commercialiser un avion monocouloir comparable à l’A320 ou au Boeing 737, et ainsi concurrencer les deux principaux acteurs du marché, dont il faut souligner que ces modèles sont la vache à lait.
À court terme, ensuite, même si les carnets de commandes sont bien remplis tant chez les avionneurs que chez les motoristes, les conditions de réalisation deviennent de plus en plus difficiles. Les équipementiers et les PME ont le choix entre baisser leur prix de 20 % à 25 % ou délocaliser leur production en zone dollar – ou, plus précisément, hors zone euro, au Mexique, au Maroc ou encore en Tunisie.
S’agissant d’Astrium, il n’y a aucune raison d’accepter une baisse des effectifs alors que le secteur spatial se porte bien. L’inquiétude vient des déclarations de MM. Marwan Lahoud et Thomas Enders qui disent vouloir obtenir un taux de rentabilité de 10 % à 12 % afin de satisfaire les marchés. Cette position pose problème du point de vue industriel, et du point de vue de l’emploi. La stratégie des grands groupes industriels, qu’elle soit voulue ou subie à cause, notamment, de l’euro fort, consiste à concevoir et assembler en France ou à sous-traiter hors zone euro. Or, monsieur le ministre, l’industrie manufacturière est celle qui crée le plus grand nombre d’emplois et doit être préservée. Quelles mesures comptez-vous prendre en la matière pour sauvegarder et valoriser cette industrie très importante pour l’Europe et pour la France ?