Je suis heureux d'apprendre que l'on vous a dit du bien de la MDPH du Finistère…
Pour faire un bref historique, notre équipe de direction est la même depuis l'origine. La directrice et moi-même avons mis en place la MDPH et l'avons soutenue contre vents et marées. À peine constituées, les MDPH ont en effet été l'objet de grands débats sur leur construction juridique, leur autonomie ou leur mode de gouvernance. Nous avons vécu tout cela, en même temps que l'installation de la CNSA, ce qui nous permet de porter un regard rétrospectif sur cette période, sachant que plus de la moitié des directeurs de MDPH ayant participé à leur création ne sont plus en poste.
Dans le Finistère, nous avons souhaité créer une MDPH à la fois autonome et non consommatrice de crédits. Il faut entendre par là une autonomie dans la gouvernance – la MDPH n'est pas placée sous l'autorité des services du département ; il s'agit bien d'un groupement d'intérêt public (GIP). En revanche, il nous est interdit de recréer le moindre service sur lequel nous appuyer dans le cadre du fonctionnement du département. Nous parlons donc d'autonomie au sens de la loi, à savoir d'autonomie dans la gouvernance fondée sur la commission exécutive (COMEX) et la commission des droits et de l'autonomie des personnes handicapées (CDAPH), et de fonctionnement dans une structure autonome.
L'appui de la CNSA au moment du démarrage de la structure a été déterminant. Un vrai travail d'accompagnement a été mis en oeuvre, avec l'élaboration de nombreux guides. Dès l'origine, toute une démarche de structuration de la mise en place des MDPH a été conduite. C'était d'autant plus important qu'il s'agissait à la fois d'une gouvernance et de dispositifs nouveaux. De nombreux textes n'étaient pas encore publiés lorsque nous avons démarré ; le contexte était donc difficile.
En ce qui concerne les dotations financières, nous avons bénéficié d'une « dot » de démarrage. La couverture de l'effet économique était délicate à évaluer, selon que la MDPH s'installait dans des bâtiments anciens ou dans un bâtiment neuf, achetait ou non un nouveau logiciel…
Dans cette phase de démarrage, l'apport de la CNSA a donc été important ; mais l'engagement du conseil général a été déterminant.
La phase de mise en oeuvre s'est révélée plus compliquée. Les outils informatiques se sont mis en place progressivement, au fil de la publication des textes – ce qui concourt d'ailleurs à expliquer un certain nombre des difficultés de la CNSA. On a donc assisté à une course à la production d'outils techniques à mesure que les textes paraissaient, sachant que ces derniers étaient eux-mêmes sans cesse modifiés. Les éditeurs avaient à peine le temps de développer un outil pour saisir un formulaire que l'on créait un nouveau formulaire. Cette période a été marquée par la volonté de remonter très rapidement un nombre considérable d'indicateurs. Cette phase de changement – marquée aussi par des tensions au sein de la CNSA – a été plus difficile. Bref, il y a eu un problème de construction du projet.
J'en arrive à la phase actuelle. Le contexte est devenu plus rationnel ; nous sentons que les projets sont construits, menés de façon plus scientifique et plus technique ; nous percevons désormais une démarche opérationnelle et une volonté d'aboutir. En tant que vice-président de l'association des directeurs de MDPH, je ressens également une écoute nouvelle et une prise en compte de nos attentes par rapport aux limites que les postures précédentes avaient induites dans la conduite de projets.