Intervention de Sophie Rohfritsch

Séance en hémicycle du 27 mai 2014 à 21h30
Débat sur la réforme territoriale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSophie Rohfritsch :

« Hélas non », dit-on sur ma gauche, et peut-être ailleurs. On est également très peu informés au sujet des compétences qui reviendraient aux nouvelles régions dont il semble surtout, et d’ailleurs quasi exclusivement, qu’il vous importe d’en redessiner les contours. Pas grand-chose non plus au sujet des élus, de leur statut ou des règles électorales, si ce n’est le plaisir, en entendant le Premier ministre lui-même critiquer l’improbable binôme départemental que vous avez créé, de vous voir indirectement reconnaître la pertinence du conseiller territorial que vous vous êtes pourtant empressés de faire disparaître à votre arrivée aux affaires.

Nos très chères 36 000 communes et les nouvelles métropoles en instance de création ne sont, quant à elles, pas non plus placées clairement sur le nouvel échiquier national. Où sera le pouvoir ? Et surtout, où seront les financements ? Enfin, le silence est absolu au sujet de ce qui commence pourtant à dessiner efficacement de nouveaux territoires économiques performants, à savoir les pôles de compétitivité, ceux qui sont les plus efficaces et qui ont concentré vers eux la plupart des investissements importants dans le cadre du programme investissements d’avenir ou de différents programmes venus équiper les centres de recherche et les nouveaux pôles universitaires. Tous ces investissements commencent aujourd’hui à porter leurs fruits et nos concitoyens attendent surtout une réforme institutionnelle qui soutienne une nouvelle performance économique.

À l’heure où ils souffrent de tous les maux qu’une société inadaptée à son temps peut leur infliger, à l’heure où notre pays se transforme inexorablement en musée à ciel ouvert et que les perspectives sont vraiment mornes, il vous était demandé tout simplement de renverser la table et de proposer une réforme institutionnelle complète qui offre l’occasion à l’État de se réformer, aux collectivités territoriales de devenir efficaces et pertinentes et qui reconnaisse les performances économiques des territoires. Notre pays est le plus beau qui soit, il est tout à fait capable de se transformer et les Français y sont prêts. Mais ils ne comprennent que ce qui a du sens, ce qui leur garantit l’efficacité des services publics de proximité dont ils ont besoin et qui les emmène loin dans une stratégie volontaire et ambitieuse. Ils ne supportent plus l’à peu près ni le tripatouillage électoral que vous leur proposez. Une fois de plus, ils seront déçus. D’ailleurs, vous le savez puisque vous ne comptez pas les interroger au sujet de votre réforme. Vous savez que seules les réformes d’ampleur sont propices au référendum, mais, comme il n’est question ici, dans ce que vous nous proposez, que de redécoupage ou de déplacements d’échéances électorales que vous redoutez, les Français ont d’ores et déjà compris qu’il n’y a dans vos propositions ni vision, ni stratégie.

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