Intervention de Bertrand Pancher

Séance en hémicycle du 28 mai 2014 à 15h00
Débat sur les politiques européennes en matière de lutte contre le réchauffement climatique

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBertrand Pancher :

Monsieur le président, monsieur le secrétaire d’État, chers collègues, face aux écolosceptiques et aux eurosceptiques que l’on a envoyés au Parlement européen, face à toutes celles et ceux qui pensent qu’il n’y a plus que le court terme qui compte – qu’il faut, autrement dit, régler à tout prix nos crises économiques et que l’on réfléchira ensuite aux crises environnementales – je veux d’emblée formuler la seule question que l’on devrait se poser ou, plutôt, poser à l’opinion publique : ne sommes-nous pas en train de casser le seul outil de régulation internationale susceptible d’éviter ce drame du réchauffement climatique qui s’annonce, non pas pour les générations d’après-demain mais pour celles de demain et même d’aujourd’hui, et qui sera sans doute le plus inhumain que l’on ait jamais connu, peut-être depuis des siècles ?

La France, avec l’Union européenne, a mis en place un modèle pour réguler l’économie mondiale à travers, notamment, de grands objectifs environnementaux, très clairs : je veux parler du « trois fois vingt », qui se décline, d’ici 2020, en un gain de 20 % d’efficacité énergétique, une part de 20 % d’énergie renouvelable et une diminution de 20 % de gaz à effet de serre par rapport à 1990, et cela pour nous engager vers un objectif clair, en 2050, de réduction de 80 % minimum des gaz à effet de serre – ce qu’on appelait le « facteur quatre » – sans lequel nous ne pourrons pas éviter une augmentation de la température de plus de deux degrés.

Nous pensions, à l’époque où ces objectifs avaient été définis, que la France et l’Europe étaient en capacité de les remplir : nous avons d’ailleurs commencé à le faire pour démontrer à toute la communauté internationale qu’on pouvait continuer à se développer, mais de façon humaine, en conciliant nos objectifs économiques, sociaux et environnementaux.

Que constate-t-on actuellement ? Que la machine est grippée, en France, mais aussi en Europe ; c’est ce débat que nous devons avoir aujourd’hui.

La machine est grippée en France car nous n’atteignons pas, alors que c’était possible, ces fameux « trois fois vingt ». Pour ce qui concerne l’énergie renouvelable, nous en sommes sur une trajectoire d’à peine 17 %. Nous en avons discuté avec le Syndicat des énergies renouvelables : force est d’admettre, en reprenant tous les chiffres disponibles, que si nous n’y consacrons pas davantage d’efforts, nous n’y arriverons jamais.

Il y a quelques années, les députés de la majorité que nous étions alors étaient conspués par l’opposition de l’époque, qui nous reprochait de trébucher sur l’objectif de 500 éoliennes par an et nous annonçait que nous allions revenir en arrière. Aujourd’hui, à combien en sommes-nous ? À 300 à peine. On nous avait dit que nous n’allions plus faire de photovoltaïque. Or, combien en fait-on aujourd’hui ? On n’en fait plus.

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