Intervention de Harlem Désir

Séance en hémicycle du 28 mai 2014 à 15h00
Débat sur les politiques européennes en matière de lutte contre le réchauffement climatique

Harlem Désir, secrétaire d’état chargé des affaires européennes :

Monsieur le député Leroy, l’Organisation des Nations unies a évalué à environ 200 millions le nombre de réfugiés climatiques en 2050 si rien ne change et si l’on continue à laisser la température augmenter, les inondations, les tempêtes et les désastres se développer. Évidemment, ces désastres ont des conséquences bien plus dramatiques dans les pays tels que le Soudan et les régions pauvres que vous avez citées que dans nos propres pays, même si nous avons nous-mêmes vécu l’expérience de ces drames. Des millions de personnes sont donc concernées, et cela devient une priorité majeure pour le Haut-Commissariat aux réfugiés des Nations unies. Si l’on laisse les choses suivre leur cours, il y aura davantage de réfugiés climatiques que de réfugiés politiques ou de personnes fuyant les guerres civiles ou les dictatures.

C’est donc un enjeu absolument majeur, et pour la première fois, cette question a été débattue lors du sommet UE-Afrique du 2 avril dernier. C’était la première fois que ce point figurait à l’ordre du jour des discussions avec nos amis africains, même si l’on sait que ces sommets sont toujours marqués par les priorités de la coopération, du développement, des enjeux de sécurité et de lutte contre le terrorisme. Il y a une prise de conscience partagée à l’échelle internationale de cet enjeu des réfugiés climatiques.

Cet enjeu est l’une des raisons pour lesquelles il nous faut un accord mondial et pour lesquelles on ne peut pas se contenter de constater que les choses sont compliquées et difficiles. On le voit dans la discussion : il faut que l’Europe elle-même soit totalement motivée, déterminée, et démontre que puisqu’elle a été pionnière, elle est capable de prendre les engagements qui permettent de maintenir le réchauffement à moins de deux degrés afin de pouvoir engager la discussion en position de force avec les grands pays émergents. La Chine, le Brésil et l’Inde ont eu tendance à se placer en retrait lors des dernières conférences en déclarant que leur priorité était le développement. Mais il ne pourra pas y avoir de développement si l’on ne répond pas à ces dangers du changement climatique.

Évidemment, il faut aussi que les États-Unis s’engagent. Le débat a évolué ces dernières années, en tout cas le président Obama a reconnu qu’il s’agissait d’une priorité, mais il faut également que le Congrès aille dans cette direction. Les États-Unis, qui sont le principal émetteur de gaz à effet de serre, doivent aussi prendre part à un accord.

Cela passera par le fait d’abonder le fonds vert. C’est un engagement qui a été pris pour financer la transition dans les pays les plus pauvres, et c’est aussi un des enjeux de la COP 21. Un engagement commun, international, des grands pays industrialisés comme des pays émergents sur la réduction des gaz à effet de serre et la transition énergétique, ainsi que l’abondement du fonds vert, voilà les deux grands sujets qui seront à l’ordre du jour de la COP 21.

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