Intervention de Boinali Said

Séance en hémicycle du 7 novembre 2012 à 9h30
Projet de loi de finances pour 2013 — Outre-mer

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBoinali Said :

Monsieur le président, monsieur le ministre, monsieur le rapporteur, mes chers collègues, la progression de 5 % en 2013 des dépenses consacrées aux outre-mer témoigne de l'intérêt du Gouvernement à leur développement. Je me félicite de ce budget, qui nous permettra de répondre aux nombreuses attentes locales, surtout en cette période de crise économique et financière.

Dans le cas de Mayotte, ces attentes sont portées par une jeunesse qui veut des réponses concrètes pour lutter contre son taux de chômage de 50 % et par des écoliers qui veulent des établissements scolaires supplémentaires pour étudier dans de bonnes conditions et ne plus être à l'étroit dans les classes. Les ménages mahorais quant à eux attendent des mesures urgentes pour améliorer leurs conditions de vie et lutter contre la vie chère. Je vous rappelle d'ailleurs que le PIB annuel par habitant est à Mayotte de 5 200 €, alors qu'il est supérieur à 30 000 € sur le continent. Ces préoccupations locales se traduisent aussi par de fortes attentes en matière de logement social puisque le parc locatif social est quasi inexistant. Elles se traduisent aussi par une demande de revalorisation du RSA et de l'ensemble des prestations sociales comme moyens parmi tant d'autres pour lutter contre la vie chère. Elles se traduisent également par une attente de nouvelles créations d'emplois, de développement du tourisme et de renforcement de la coopération régionale.

Un autre fléau touche fortement Mayotte en ce moment, c'est l'insécurité ! Là encore, les Mahorais souhaitent un renforcement des forces de l'ordre pour lutter contre ce phénomène en extension. La liste est longue, monsieur le ministre, mais je me limiterai à cette énumération.

En tenant compte du document de politique transversale, je note pour 2013 des progressions de crédits de paiement dans plusieurs secteurs mais aussi, hélas, une régression dans d'autres. Prenons quelques exemples de répartitions budgétaires en crédits de paiement. J'observe ainsi que les missions « infrastructures », « enseignement scolaire », « justice », « conditions de vie outre-mer », « accès à l'emploi », « jeunesse et sport » et « vie associative » connaissent une progression non négligeable qui contribuera bien évidemment à répondre aux défis de la démographie galopante que nous connaissons.

En revanche, il me semble que d'autres missions auraient pu faire l'objet d'une attention particulière du Gouvernement. Je pense tout d'abord au budget consacré aux relations avec les collectivités territoriales. Quand on connaît l'état des finances des communes mahoraises, on ne peut qu'interpeller le Gouvernement sur la détresse de ces collectivités. En effet, sur les dix-sept que compte Mayotte, quinze sont sous tutelle en partie à cause de leur faiblesse budgétaire. Il est donc incompréhensible de constater une baisse de crédits pour cette mission alors que Mayotte a besoin de moyens supplémentaires pour assurer son développement, notamment à travers des politiques publiques communales d'aménagement territorial.

Une autre mission qui connaît une baisse des crédits m'interpelle, la mission « solidarité, insertion et égalité » qui reste inchangée entre 2012 et 2013. Je ne comprends pas que, pour une île de seulement 250 000 concitoyens avec un PIB annuel de 5 200 € par habitant, on consacre si peu de moyens pour lutter contre la pauvreté ou encore pour revaloriser les prestations sociales. Les Mahorais font partie des Français les plus pauvres de la République. On s'attendrait donc à une solidarité nationale accentuée, allant au-delà du montant prévu pour cette mission.

Je terminerai en attirant l'attention du Gouvernement sur le budget consacré à la mission « ville et logement », notamment pour l'amélioration de l'habitat. La baisse des crédits ne permettra pas de répondre aux besoins de logements sociaux, d'autant que le parc locatif social est quasi inexistant sur l'île.

Malgré toutes ces remarques, je note toutefois que le crédit total de paiement a augmenté de près de 4 % pour 2013 par rapport à 2012. L'effort consenti est significatif. Nous espérons que le Gouvernement continuera en ce sens dans les années à venir afin de répondre aux besoins de la population en soutenant davantage les missions relatives à l'amélioration de l'habitat, la solidarité, l'insertion et l'égalité et aux relations avec les collectivités territoriales. (Applaudissements sur les bancs du groupe GDR et sur quelques bancs des groupes SRC et UDI.)

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