Intervention de Joachim Pfeiffer

Réunion du 28 mai 2014 à 9h30
Commission des affaires économiques

Joachim Pfeiffer, membre du Bundestag, porte-parole de la CDU pour la politique économique :

Les énergies renouvelables représentent 25 % de notre production brute d'électricité qui s'est élevée à 630 térawattheures l'an dernier, soit 10 % de plus qu'en France. C'est l'éolien à terre qui arrive en tête. La capacité installée de l'éolien est de 35 000 mégawatts sachant que la capacité de l'éolien en mer, qui devra atteindre 6,5 gigawatts en 2020, n'est pour l'instant que de quelques centaines de mégawatts. Celle du photovoltaïque est comparable à celle de l'éolien. Pour la biomasse, la puissance installée est d'environ 6 gigawatts. Pour l'hydraulique, elle doit être d'environ 5 gigawatts, à confirmer. À l'avenir, c'est surtout l'éolien qui devrait se développer, car il s'agit d'un mode de production économique.

Le développement de la biomasse a connu des hauts et des bas ces dernières années. Peut-être avez-vous suivi notre débat sur les biocarburants. Quant à la production d'énergie à partir de biomasse, elle est relativement coûteuse ; cette source d'énergie se distingue de l'éolien ou du photovoltaïque en ce que la matière première elle-même coûte de l'argent. En outre, nous avons connu des problèmes de concurrence entre les différents usages du sol. Nous avons donc décidé de privilégier la biomasse composée de matière résiduelle et de l'utiliser de manière flexible, lorsque l'on ne peut plus compter sur les autres renouvelables du fait de leur discontinuité. Notre objectif est d'augmenter la capacité de 100 MW par an.

J'en viens au charbon. La réduction des émissions de CO2 s'est bien accentuée : nous sommes légèrement au-delà des prévisions. Nous avons amélioré l'efficacité industrielle et rendu les centrales plus performantes. Cette dynamique pourra-t-elle être maintenue ? Ce n'est qu'en agissant dans le secteur du bâtiment que nous parviendrons à nos objectifs de réduction d'émissions.

Nous devons donc non seulement réaliser des économies d'énergie dans ce domaine, mais réduire la consommation du parc immobilier. Plusieurs mesures ont déjà été adoptées à cette fin. La Kreditanstalt für Wiederaufbau, notre banque publique d'investissement, dispose de moyens abondants qui proviennent notamment des fonds publics. Un programme de rénovation du parc immobilier, d'un milliard d'euros, est prévu. Nous avons également développé différents programmes et mesures destinés à encourager le recours à l'énergie solaire thermique. Cela permettra de développer la production de chaleur à partir de sources d'énergie renouvelables.

Après le développement des réseaux, le stockage est évidemment un élément essentiel. Il est techniquement praticable mais extrêmement coûteux : nous ne pouvons donc pas développer les technologies de stockage, non parce que nous n'en sommes pas capables mais parce qu'elles ne sont pas rentables. Ainsi, le power to gas, qui consiste à transformer les énergies renouvelables en méthane ou en hydrogène pour pouvoir les stocker, coûte environ 50 centimes par kilowattheure. Or nous ne pouvons pas adopter une nouvelle taxe destinée à ce secteur. Ce n'est pas financièrement envisageable.

Les effets sur le paysage font aussi débat chez nous. La construction de lignes est critiquée lorsqu'elle le défigure – par exemple en Forêt-Noire – ou qu'elle concerne une zone densément peuplée. Elle est mieux acceptée dans le Nord, moins peuplé et où nombre d'installations appartiennent à des particuliers.

S'agissant de la décentralisation, la France comme l'Allemagne sont des nations industrialisées où l'approvisionnement, pour être sûr, ne saurait être uniquement décentralisé. Chez nous, 25 % de la production seulement est décentralisée. Il y a donc une marge de manoeuvre, mais le secteur de l'industrie a besoin de centralisation. En tout état de cause, il convient d'associer les deux approches.

L'idée d'un Airbus de l'énergie renvoie évidemment aux négociations en cours avec Siemens à propos d'Alstom. J'estime pour ma part que l'État n'a pas à participer à une entreprise privée. L'État n'est pas le meilleur entrepreneur et quand il tente d'intervenir comme tel, en général les choses se font moins vite et cela coûte plus cher. Je ne suis donc pas convaincu qu'il faille développer des entreprises publiques européennes en matière énergétique. En revanche, il me semble utile de renforcer les coopérations dans le secteur privé. Si le secteur se porte bien en Allemagne, ce n'est pas du fait de grandes entreprises mais grâce à notre tissu de petites et moyennes entreprises qui réagissent de manière flexible aux problèmes qu'elles rencontrent et trouvent rapidement des solutions. Les PME fonctionnent bien mieux lorsque l'État les laisse tranquilles.

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