Intervention de Wolfgang Tiefensee

Réunion du 28 mai 2014 à 9h30
Commission des affaires économiques

Wolfgang Tiefensee, ancien ministre, membre du Bundestag, responsable du SPD au sein de la commission de l'économie et de l'énergie :

Le bâtiment représente en Allemagne 40 % de la consommation d'énergie, les transports au moins 30 %. C'est sur ces deux secteurs qu'il faut concentrer les efforts.

En 2006, lorsque j'étais ministre des transports, j'avais pris une initiative en faveur de l'électromobilité « pure » – véhicules à pile à combustible et autres. Nous menons des expériences dans des régions pilotes, l'objectif étant qu'un million de véhicules électriques circulent en 2020 sur les routes allemandes. Sans doute sera-t-il difficile à atteindre avec les seuls véhicules particuliers, mais nous avons identifié différents gisements : camionnettes de livraison, véhicules d'entreprise, etc., qui circulent dans un périmètre restreint.

Mon collègue a déjà évoqué la question de la méthanisation. Il faut savoir que l'injection de biométhane dans le réseau est coûteuse. Et le rendement de l'électricité produite par biométhanisation n'est que de 30 ou 40 %, ce qui en rend impossible la mise en oeuvre à grande échelle.

Les régimes incitatifs que nous souhaitons instaurer en matière d'électromobilité devraient nous permettre de progresser de concert avec la France.

Je vous invite également à consulter le site de la banque publique d'investissement KfW, qui propose des modules de financement selon les travaux d'amélioration énergétique envisagés. Nous souhaitons parvenir à des normes, mais nous ne finançons que les dispositifs qui vont au-delà de ce qui est déjà prévu par la législation. Aussi les programmes d'aide évoluent-ils constamment. La KfW finance des prêts aux particuliers via les banques de détail. Mais nous n'essayons pas, pour l'instant, de promouvoir des règles particulières d'amortissement car le fisc n'y est pas favorable.

En matière de transports, l'objectif est d'inventer de nouvelles formes de mobilité. Les jeunes, du reste, sont prêts à payer pour la mobilité sans posséder pour autant leur propre véhicule.

Quant à une éventuelle demande d'indemnisation pour la fermeture de la centrale de Fessenheim, monsieur Straumann, ce n'est pas parce qu'une décision est politique que l'on doit payer des indemnités !

Je suis sensible, madame Santais, au compliment que vous nous faites d'avoir été précurseurs dans certains domaines. Ce que j'ai essayé de dire, c'est que nous misons sur l'ensemble des énergies renouvelables. Nous développerons l'éolien à terre et en mer et, même si l'on ne peut pas dire que le soleil brille tout le temps en Allemagne, le photovoltaïque continuera de jouer un rôle.

La recherche sur le stockage de l'électricité en est à ses débuts, et celui qui réussira une percée dans ce domaine obtiendra le prix Nobel. Jamais on n'aurait pensé, il y a vingt ans, que l'on pourrait gagner de l'argent avec l'Internet ; eh bien, je pense que dans les dix ou vingt prochaines années, on aura probablement mis au point de nouvelles technologies en matière de stockage.

Il existe pour l'heure des techniques de stockage décentralisées, mais le coût en est encore trop élevé. Lorsqu'il n'y a pas de soleil ou pas de vent, il est cependant envisageable d'utiliser des turbines à gaz pour remplacer les panneaux solaires ou les éoliennes. Cela coûte beaucoup moins cher que de stocker l'électricité. J'espère néanmoins que la recherche fondamentale débouchera progressivement sur une recherche appliquée permettant de développer le stockage.

Pour ce qui est du sujet – qui déborde largement le secteur de l'énergie – de « l'espace économique franco-allemand », je pense que non seulement nous pouvons coopérer plus étroitement, mais que nous le devons. Que l'on parle de politique industrielle, d'« Airbus de l'énergie », etc., les industries et les PME doivent travailler davantage ensemble. La KfW et son équivalent français, la Banque française d'investissement, devraient associer plus étroitement leurs politiques et apporter des financements complémentaires à certains projets binationaux.

À cet égard, je me félicite de l'action de l'Office franco-allemand pour les énergies renouvelables. Il faut raisonner à la fois en termes qualitatifs et en termes quantitatifs pour la concertation internationale. Bien que la Deutsche Energie-Agentur n'ait pas vraiment d'équivalent en France, l'Office franco-allemand fait un travail remarquable d'organisation. Reste à savoir s'il faut associer la Pologne, qui se montre parfois un partenaire réticent ou sceptique.

Quant aux éventuelles incidences de la transition énergétique sur l'endettement des États, faut-il rouvrir le dossier ? C'est la quadrature du cercle, je le sais. Mais tant pis : il nous appartient de résoudre le problème, qui consiste à assainir les budgets et à maintenir la création de valeur ajoutée tout en pensant au coût pour les ménages. C'est une tâche colossale, mais je pense qu'il faut continuer de diminuer l'endettement des États quand bien même nous avons de grands défis à relever dans le cadre de la transition énergétique.

Un dernier mot sur la politique énergétique commune. Nous avons élu un nouveau Parlement européen, un nouveau président de la Commission européenne et de nouveaux commissaires seront nommés. Quoi qu'il en soit, les parlements nationaux peuvent travailler ensemble à l'élaboration d'une politique énergétique européenne qui laisse une marge de manoeuvre aux nations, qui respecte les spécificités de chacun et qui, en même temps, contribue à réaliser nos objectifs environnementaux au niveau mondial.

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