Madame la présidente, puisque vous avez visité le chantier, vous en savez plus que nous, qui n'avons pas pu nous y rendre ! Nous vous remercions de nous entendre ce matin, mais vous obtiendrez davantage d'informations auprès de l'administration, qui ne nous a même pas reçus pour évoquer ce sujet.
De nombreux services sont appelés à déménager, et ce dans moins d'un an. Mais, aujourd'hui, personne ne peut nous dire quels agents rejoindront vraiment le grand Balard, ni même quels seront les effectifs réels de personnels civils : 1 300 agents, 1 500 agents ? Les rumeurs se multiplient. On ne dépassera sans doute pas le nombre de 1 500 personnels civils au sein des 9 300 personnels stationnés à Balard, ce qui montre la place accordée aux personnels civils.
Nous en sommes donc réduits à glaner ici et là des informations sur ce que l'on peut pourtant qualifier d'importante opération de restructuration. Il semble ainsi qu'il y ait des retards dans les appels d'offres – pour passer les marchés, encore faut-il savoir exactement qui s'installera sur le site…
Pour les services censés rejoindre Balard, notamment l'état-major de la marine, il conviendrait déjà de mettre en place les commissions locales de restructuration, puisque nous savons que tous les personnels civils de ces services ne rejoindront pas Balard. Un autre exemple : environ 85 agents, civils et militaires, de la structure intégrée du maintien en condition opérationnelle des matériels terrestres (SIMMT) de Satory devraient s'installer à Balard. Eh bien, dans ce service, personne n'est au courant !
Tout cela est d'autant plus inquiétant que ce déménagement est maintenant proche.
Pour vous donner un exemple significatif de la façon dont le ministère de la Défense envisage le dialogue social et le fonctionnement des organisations syndicales au grand Balard – site appelé à réunir tout de même les services centraux du ministère –, nous ne savons toujours pas aujourd'hui dans quels locaux seront accueillies les organisations syndicales, et quels moyens seront mis à leur disposition. Nous avions très fortement insisté pour qu'une réunion soit organisée : elle l'a finalement été, le 13 novembre dernier, mais elle est tombée complètement à côté du sujet ! On nous a seulement présenté un vaste tableau de l'installation des services – ce qui nous a accessoirement permis de nous rendre compte que la DGA, par exemple, serait éclatée entre trois ou quatre lieux différents. En tout cas, les moyens prévus pour les organisations syndicales sont loin de correspondre aux besoins.
Nous sommes dans une période transitoire, mais cela fait trois ou quatre fois que les organisations syndicales déménagent ! Elles sont aujourd'hui dans un bâtiment qui n'est pas libre d'accès… Cela pose la question des déplacements des représentants syndicaux, et plus largement des personnels, sur le site de Balard ; des badges autorisant ou pas l'accès aux différents bâtiments semblent prévus, mais il nous est impossible de savoir si les personnels civils pourront se déplacer librement, et surtout si nous, représentants syndicaux, pourrons nous déplacer librement à Balard. Ces incertitudes commencent à poser d'énormes difficultés.
Nous savons d'ores et déjà que plusieurs centaines d'emplois vont disparaître à l'occasion du déménagement, notamment dans les métiers d'infrastructure : le grand Balard est une opération d'externalisation comme le ministère de la Défense en a peu connu ! Mais nous ne savons pas aujourd'hui quels seront les métiers et les emplois qui vont disparaître. Là encore, il serait donc temps de mettre en place une commission locale de restructuration. Aujourd'hui, des centaines d'agents employés dans divers sites franciliens du ministère de la Défense savent que les métiers d'infrastructure qu'ils exercent aujourd'hui sont sans doute appelés à disparaître. Mais nous n'avons aucune information précise.
Je pourrais également évoquer les coûts, et les surcoûts, de cette opération immobilière, mais je ne pense pas que ce soit le sujet de cette audition : qu'il me suffise de dire que si l'on avait pris en considération le vrai coût de l'opération, il aurait sans doute fallu y mettre un terme prématuré.
Je termine sur un élément important : le grand Balard sera vraisemblablement une belle réalisation immobilière. Les agents y bénéficieront de conditions de travail très favorables. Or le ministère de la Défense rencontre, vous le savez mieux que personne, d'énormes problèmes d'infrastructures – je pense notamment aux régiments et aux bases aériennes. Rapidement, cette disparité entre les conditions de travail à Balard et celles des autres agents deviendra criante, mais les sommes englouties à Balard empêcheront pour de longues années la rénovation des infrastructures ailleurs : cela risque de poser de grandes difficultés à court et à moyen terme.