J’ai déposé moi-même cette proposition de résolution ; cela a provoqué, ici ou là, un émoi qui est venu s’ajouter à l’incompréhension de la procédure. Mais aurait-il été plus honorable de me cacher derrière un prête-nom ? Comment espérer faire partager une conviction quand on n’est pas capable de l’assumer soi-même ?
Le choix de déposer en mon nom cette proposition de résolution ne justifie aucun des cris d’orfraie poussés ça et là, dans la mesure où je n’ai rien à vous demander pour moi-même. Sans doute une bonne part de l’incompréhension qui s’est manifestée vient-elle du fait qu’aucune procédure de suspension n’a été examinée par notre assemblée depuis trente-quatre ans, très exactement depuis 1980.
Certains, élus depuis plus longtemps, s’en souviennent certainement. Cette année-là, l’Assemblée fut saisie d’une demande de suspension des poursuites engagées contre huit députés appartenant au groupe socialiste. Six d’entre eux, dont François Mitterrand, Laurent Fabius et Claude Evin, parce qu’ils avaient participé à des émissions sur des radios libres, en violation de la loi, et deux d’entre eux, dont Jean Auroux, parce qu’ils avaient participé à des manifestations, qui avaient interrompu le trafic ferroviaire – excusez du peu.