Puisque nous débattons aujourd’hui d’une réforme relative à la prévention de la récidive et à l’individualisation des peines, je crains, messieurs, que nous ne soyons obligés de dresser un bilan peu flatteur des politiques d’un proche passé. Ce qui nous est légué – surpopulation carcérale, défiance de la justice, épuisement et usure des personnels pénitentiaires, inflation des contentieux, anémie des moyens dédiés à la réinsertion – est, en effet, le résultat de dix années d’un abus frénétique de dispositions législatives et de déclarations tapageuses.
Ce qui nous est légué, c’est l’invasion du quotidien des Français et de leur institution par une quantité infinie de lois prétendument sécuritaires, avec, à chaque fait divers, l’invention d’un délit et une nouvelle loi.
Ce n’est pas en qualifiant les juges de laxistes, en refusant de renouveler les postes nécessaires au bon fonctionnement de notre système judiciaire et carcéral, ce n’est pas non plus en choisissant de privilégier l’horizon du béton gris à celui du savoir que l’on lutte contre la délinquance et la récidive. Ce n’est ni en jouant des douleurs des victimes, ni en feignant de s’émouvoir de la détresse et de la misère que l’on peut rendre notre société meilleure. Ce n’est ni au karcher…