Intervention de Sophie Dion

Séance en hémicycle du 3 juin 2014 à 21h30
Prévention de la récidive et individualisation des peines — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSophie Dion :

Permettront-ils de vérifier l’application effective de cette peine, de contrôler et de suivre les personnes condamnées pour des délits graves ? Vous proposez la création sur trois ans de 1 000 postes de personnels d’insertion et de probation. Vous savez bien que ce nombre est notoirement insuffisant.

Dans ces conditions, quelle crédibilité accorder à ce texte ? Vous mettez en oeuvre une justice pénale sans moyens, élaborée sans véritable réflexion, qui fait fi de la garantie de tout citoyen à son droit à la sécurité et qui méconnaît l’intérêt des victimes.

Personne, sur ces bancs, n’est pour le tout carcéral. Chacun sait que la prison peut avoir des effets extrêmement pervers. Pour certains, c’est la récidive, pour d’autres le basculement dans un radicalisme religieux, véritable fléau. Pour autant, la prison a une fonction sociale, qui est de protéger la société contre les personnes dangereuses et de rassurer les victimes. C’est aussi une autre voie vers la réinsertion des détenus, une voie pour lutter contre la récidive. Il faut travailler à l’amélioration des conditions de détention, qui doivent être compatibles avec le principe de la dignité qui doit être offerte à tout être humain. Il faut s’attacher à l’enseignement, à la formation professionnelle, à l’application du droit au travail en milieu carcéral. C’est la condition pour que les détenus retrouvent, à leur sortie de prison, une place normale dans la société. Or, ce droit à la dignité, vous n’en parlez pas ; cette volonté de faire de la vie en prison une vie normale ne figure pas dans les objectifs de ce texte.

Vous avez dit tout à l’heure, madame la garde des sceaux, que le temps passé en prison devait être un temps utile. Je crois que votre texte passe à côté de cet objectif et que vous ne vous êtes pas préoccupée de traiter de la vie en prison, qui est pourtant une question essentielle. Vous passez à côté des vrais sujets et nous restons sur notre faim. Le monde de la justice et l’ensemble des justiciables attendaient autre chose. Là encore, nous sommes déçus. C’est pourquoi nous ne voterons pas le texte que vous proposez.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion