Madame le garde des sceaux, monsieur le président, monsieur le rapporteur, on dit toujours qu’il faut écrire ses lettres d’amour le soir et faire ses comptes le matin. Je crois que nous pouvons trouver un bon compromis dans l’intervention que je vais essayer de faire pour démontrer à quel point ce texte, tel que présenté à la sortie de la commission des lois, n’est pas bon, ce qui ne surprendra personne, sur les bancs ni de la droite ni de la gauche.
Nous devons tout d’abord assumer une différence entre ces deux côtés de l’hémicycle concernant la philosophie globale du texte et, au-delà, la philosophie globale qui sous-tend la politique pénale, de justice, de sécurité, de la gauche et de la droite.
On peut lire dans les débats, les discussions, dans vos interventions, madame le garde des sceaux, monsieur le rapporteur, monsieur le président de la commission des lois, que, selon la philosophie globale qui domine ce côté gauche de l’hémicycle, les déterminismes sociaux, en grande partie, poussent la délinquance à exister et qu’il faut bien pardonner une grande partie de ceux qui commettent ces actes parce qu’ils le font poussés par la société et commandés par les déterminismes. Nous ne le pensons pas.
Nous considérons au contraire que chaque homme, chaque citoyen a le droit de ne pas sombrer dans la délinquance et de ne pas commettre ces petits actes qui poussent à sortir du pacte républicain. Depuis Surveiller et Punir, la gauche socialiste a estimé que l’enfermement et la prison n’étaient pas une bonne solution, ni pour les délinquants ni pour la société.
Se pose une question plus philosophique encore : à quoi sert la peine ? Pour certains, elle sert les délinquants pour se réinsérer plus tard, pour d’autres elle sert la société en éliminant ces délinquants du champ social afin de préserver un bien être légitime, même si ces délinquants ne retrouvent pas la quiétude une fois leur peine purgée.