Bon nombre de mes collègues, de droite ou de gauche, ont parlé d’échec face aux politiques de lutte contre la récidive de bien des délinquants, bon nombre de mes collègues ont ciblé l’incarcération comme responsable de ces récidives, bon nombre de mes collègues ont critiqué l’automaticité des peines plancher, ne servant, paraît-il, à rien. Vous, madame la garde des sceaux, vous parlez d’individualisation des peines, d’un meilleur aménagement, de contrainte pénale, etc. Personne ne parle de la véritable cause de la récidive.
Quelqu’un qui sort de prison et retourne dans son milieu délictuel, dans sa cité, parmi d’autres délinquants, a quatre-vingt-dix chances sur cent de réitérer des actes de délinquance. Si, en revanche, on prépare correctement sa sortie en amont et qu’il est pris en charge dès son départ du milieu carcéral, notamment par un établissement public d’insertion de la défense, un EPIDE, alliant, vous le savez, l’éducation spécialisée et la fermeté militaire, nous aurons la chance d’offrir à ce délinquant la possibilité de se reconstruire socialement, de se former à un métier et de trouver enfin le moyen de sortir de cette spirale infernale qu’est la délinquance. Savez-vous que certains EPIDE obtiennent plus de 93 % de réussite ? Il y a alors moins de délinquants et, surtout, moins de victimes potentielles à la clé.
Cette solution, car c’est la solution, a deux inconvénients. Le premier, c’est qu’elle coûte très cher car, pour endiguer la délinquance, il faudrait multiplier par cinq le nombre de délinquants accueillis dans les vingt-deux EPIDE que compte le territoire national, et donc augmenter d’autant leurs budgets. Le second, c’est que c’est une proposition et une réalisation de l’ancienne majorité. Or, depuis deux ans, vous n’avez cessé de détricoter inlassablement tout ce qu’elle a effectué durant le dernier mandat.
Alors, madame la garde des sceaux, même si vous n’acceptez pas les amendements que je vais vous proposer demain ou après-demain, sachez que le vice-président de la commission de prévention de la délinquance, que j’avais l’honneur de présider au cours de la dernière législature, avait validé cette proposition. Ce vice-président s’appelait Manuel Valls.