La résolution autorisant le recours à la force en Libye visait à protéger les civils. Or, dès le lendemain, on a déclaré qu'il s'agissait de renverser le régime. Il ne faut donc pas s'étonner de l'attitude des Chinois, des Russes, des Indiens et d'autres encore. Ce qui s'est passé est la principale raison pour laquelle il n'y aura pas de résolution autorisant l'usage de la force en Syrie.
Vous avez évoqué la question des livraisons du Rafale en France. Il y a aussi des perspectives à l'étranger : la France a finalement remporté l'appel d'offres en Inde. Certains éléments restent à définir pour que l'on puisse signer un contrat, mais il ne fait aucun doute que la commande sera passée dans un délai relativement court. La commande suivante ne fait pas non plus l'objet du moindre doute.
Si nous en sommes arrivés là, c'est d'abord grâce à la qualité et à la compétitivité du Rafale – contrairement à ce qu'affirmait un ministre de la défense, pour qui l'avion était trop cher et trop sophistiqué. Par ailleurs, l'Inde a voulu claquer la porte au nez des Américains, dont l'ambassadeur a démissionné et quitté le pays dans la journée. La procédure a aussi été menée avec une rigueur extrême, confinant parfois à l'absurde. Enfin, la démonstration a été faite en Libye de l'efficacité du Rafale, de son opérationnalité, même dans des conditions de mise en oeuvre difficiles, et de son taux de disponibilité pendant des durées assez longues.
En ce qui concerne le domaine maritime français, il y a un décalage considérable entre le discours et la réalité des moyens. Si nous poussions la logique jusqu'à son terme, nous pourrions obtenir le premier domaine maritime de la planète. Nous sommes déjà au deuxième rang mondial, mais il ne suffit pas de détenir ou de revendiquer des droits. Il faut aussi les utiliser et les faire respecter. En dehors de la pêche et de l'exploitation des ressources du sous-sol, assez limitée, ce n'est pas vraiment le cas. Il y a aussi la question de l'environnement, autre moyen pour revendiquer des droits, comme l'a démontré le Canada en créant un parc national dans une île qui ne présente aucun intérêt réel, le seul but étant de rappeler ses droits et ses revendications juridiques. J'ajoute qu'il n'y a pas de police possible sans moyens maritimes suffisants, que ce soit en matière d'exclusivité, de sécurité ou d'environnement.