Intervention de Claude Revel

Réunion du 28 mai 2014 à 16h00
Mission d'information sur la candidature de la france à l'exposition universelle de 2025

Claude Revel, déléguée interministérielle à l'intelligence économique :

J'évoquerai cinq points principaux.

En premier lieu, l'intelligence économique est un principe de gouvernance né de l'affrontement à la concurrence internationale. Aujourd'hui, tous les États sont en concurrence, au même titre que les entreprises.

Ce principe se décline en trois volets : d'abord, le volet de veille et d'anticipation, lequel implique de comprendre son environnement extérieur, d'en identifier les forces et les acteurs clés, puis d'anticiper – ce qui, à la différence de la prospective, suppose une action sur ce qui va se passer dans 20 ans. Avec l'information ouverte, on dispose déjà de beaucoup de données. Deuxième volet : la sécurité économique, qui ne peut s'obtenir que sur la base des informations recueillies. Il s'agit de risques immatériels, liés à la propriété intellectuelle, au savoir-faire, aux données, à l'image ou à la réputation. Enfin, troisième volet : l'influence ou la manière d'agir sur son environnement, au lieu de le subir. Elles peuvent porter sur l'image ou les règles du jeu internationales – afin de convaincre nos partenaires de les adapter à nos besoins.

Par ailleurs, il y a lieu de sensibiliser les acteurs à se consacrer à l'intelligence économique, car celle-ci ne se décrète pas.

Deuxièmement, le projet d'exposition universelle de 2025 peut être une composante importante du bloc d'attractivité de la France.

Au-delà des investissements physiques, la dimension immatérielle est fondamentale et permet d'améliorer ceux-ci. Elle renvoie au domaine de l'image et de la perception, dans lequel la France dispose d'un capital d'influence, fondé sur notre histoire et nos valeurs, malgré l'existence d'un certain « French bashing ». Mais ce capital est un peu dormant, après avoir connu pourtant un fort développement à une certaine époque. Nous disposons aussi de réseaux, diplomatiques, mais aussi des conseillers du commerce extérieur, des hommes d'affaires, ou d'anciens élèves ou d'anciens scientifiques.

Or l'image sert l'influence. Si on n'a pas d'image crédible, on aura du mal à être influent dans les enceintes internationales, sachant qu'on ne peut mentir sur celle-ci. En sens inverse, l'influence sert l'image : il faut revenir à un cercle vertueux ambitieux à cet égard, ce qui repose sur un apport d'idées et un lobbying touchant à la perception.

Le projet d'exposition universelle de 2025 est très lié à l'image, aux territoires et aux infrastructures ; il est également crédible au regard de la perception que les étrangers peuvent avoir de la France, car il correspond bien à l'idée d'universalité et d'ouverture sur l'extérieur que nous portons.

Troisièmement, ce projet fait largement appel à l'intelligence collective, dans son but comme ses modalités. D'abord, parce qu'il permet de fédérer les citoyens autour d'un but commun dans un esprit de cohérence. Ensuite, car il est conçu en collaboration, avec un éclatement dans le temps et dans l'espace, et s'inscrit dans le nouvel esprit numérique actuel. Il fait résonner, ce faisant, tous ces aspects d'innovation numérique que nous avons en France, parfois peu connus à l'étranger.

Quatrièmement, il s'agit d'un projet non exclusif d'autres projets, comme celui des Jeux olympiques. Au contraire, une dynamique pourrait être créée entre les deux, y compris d'un point de vue financier. Ce projet concerne l'ensemble de l'action d'influence qui est la nôtre. Sa préparation pourrait fortement contribuer au début d'une relance dans ce domaine. Il pourrait à cet égard nous permettre de remonter dans certains classements internationaux. Je rappelle que, dans les classements d'image, nous sommes en baisse, entre la 3e et la 7e place.

Cinquièmement, la délégation interministérielle à l'intelligence économique pourrait contribuer à la réalisation d'une veille concurrentielle et à s'assurer que certaines idées ne soient pas copiées.

Comme le Bureau international des expositions (BIE) est composé d'États, il faudra que l'État s'en mêle, avec des outils de lobbying adaptés. Nous pouvons aider à l'ingénierie de lobbying et d'information et à la création d'alliances – les alliés pouvant être des porteurs de projet.

Il faut en tout cas éviter la dispersion et les interventions désordonnées, en se dotant d'un chef de file.

Nous ne ferons de toute façon rien sans votre accord.

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