Intervention de Xavier Court

Réunion du 3 juin 2014 à 17h00
Commission des affaires économiques

Xavier Court, cofondateur de vente-priveecom :

Marques Avenue est un concept un peu différent où les marques elles-mêmes créent leurs propres magasins de déstockage. De ce vieux métier, très ancien et classique, nous sommes devenus, grâce au digital, le leader mondial du déstockage en moins de douze ans, puisque venteprivee.com c'est aujourd'hui 1,6 milliard d'euros de chiffre d'affaires, et surtout 2 500 collaborateurs présents à 95 % en France, avec un peu plus de 600 recrutements l'an dernier et 500 l'année précédente. C'est une société qui recrute énormément et qui est présente aujourd'hui dans huit pays européens : en France d'abord, mais également en Espagne, en Italie, en Allemagne, en Angleterre, en Autriche, aux Pays-Bas, en Belgique –et aux États-Unis. Mais nos collaborateurs sont quasi intégralement en France ! C'est l'un des avantages du digital : on peut tout faire à partir de la France, y compris payer ses impôts et ses charges sociales, ce qui est le cas pour venteprivee.com, puisque sur 2 800 collaborateurs, seuls 130 ne sont pas en France. C'est pourquoi il faut soutenir les champions français du digital et les aider à se développer.

Ensuite, je pense que le digital et l'e-commerce en particulier sont une chance exceptionnelle. Je suis un pure player : je ne fais que de l'e-commerce. Et je pense très sincèrement que je ne représente pas l'avenir. Je pense que l'e-commerce « pure player », présent uniquement sur Internet, n'existera plus à terme. Je suis prêt à parier aujourd'hui qu'Amazon ouvrira des magasins. Cdiscount, qui est un immense champion français, est présent dans les rayons des supermarchés Casino, et a déjà des magasins. Vous disiez que vous avez peur d'une ville sans commerces. Je vous rejoins complètement : j'ai un fils qui a 16 ans, et il n'a pas envie d'une ville sans commerces. Il ne se pose pas la question entre commerce et e-commerce. Pour lui, ce sont juste des questions de moment.

Je pense donc que le « pur commerce », c'est-à-dire le magasin non connecté, est totalement mort aussi. Je me prendrai en exemple : je ne supporte plus aujourd'hui d'avoir pris ma voiture ou le métro, d'arriver dans un magasin, de demander une chemise blanche à carreaux en taille 42 et m'entendre répondre que cet article n'est pas disponible dans le magasin. Par contre, le petit magasin dans le sud de la France, ou dans le village de mes parents, à 30 km de Saint-Etienne, ne pourrait-il pas me la vendre ? La Poste fait extrêmement bien son travail. Elle livre en 24 heures ou 48 heures, même plus vite parfois. Il faut reproduire le modèle de Desigual, marque espagnole qui a tout compris : ils ont des magasins, et ils ont intégré le Net comme une brique de plus. Quand vous allez acheter un produit dans un magasin Desigual, ils ont une collection de 6 000 références tous les six mois, et ils les ont toutes dans leurs magasins. Vous allez me dire que c'est impossible. Mais ils y arrivent parce qu'ils n'ont pas de stocks. Ils fonctionnent en 8020 : Pour les 20 % de références qui se vendent bien, ils ont toutes les tailles et toutes les couleurs. Pour les 80 % qui se vendent moins bien, ils ont une taille par couleur. Vous l'essayez, mais vous ne pouvez pas partir avec. Par contre, la vendeuse - qui reprend alors un vrai métier de vendeur, qui a été oublié, comme les métiers de télévendeurs, alors que ce sont des métiers extrêmement importants -, prend votre commande sur son iPad et vous serez livré ensuite.

Pourquoi le petit magasin de Rivas, qui est multimarques, ne pourrait-il pas faire la même chose ? Toutes les marques ou presque ont aujourd'hui un site internet. Pourquoi me pousser à aller sur le site internet de la marque ? Pourquoi le vendeur, que je trouve sympathique, qui me connaît et me conseille, n'aurait-il pas un iPad, me commanderait la taille qu'il n'a pas et me la ferait livrer chez moi ? Il fait son métier et la marque doit évidemment lui donner une commission.

En ce moment, nous travaillons par exemple avec une grande librairie dans le Sud de la France. Elle livre désormais la France entière ! Je peux aussi vous citer le cas d'un monsieur à Saint-Dizier qui construit des fonds de cheminée et des porte-bûches. Ça pèse extrêmement lourd. Ma femme qui en avait besoin est allée au Bazar de l'hôtel de ville (BHV) et s'est entendue répondre : « Débrouilliez-vous, portez-le ». Elle a préféré faire une recherche sur internet et est tombée sur ce monsieur qui a réalisé un site extrêmement simple. Je pense qu'il ne lui a pas coûté 1 000 euros. Elle l'a commandé depuis Paris. Avant le digital, la zone de chalandise de ce monsieur n'était que Saint-Dizier et peut-être 30 kilomètres autour. Aujourd'hui, c'est le monde entier. C'est pour ça que je crois énormément au e-commerce et au commerce connecté.

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