Intervention de Pierre Lellouche

Réunion du 27 mai 2014 à 16h30
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPierre Lellouche :

J'ai été frappé par l'improvisation totale qui règne du côté de l'Etat malien comme du côté de la France et de la MINUSMA, toutes deux obligées de jouer en défense, les Maliens les informant plus ou moins de leurs initiatives, tout en se plaignant de ne pas être soutenus par la partie française.

La réconciliation n'a pas avancé. Tout est pourtant prévu dans l'accord de Ouagadougou, qui désigne deux « facilitateurs », Goodluck Jonathan et Blaise Compaoré, et précise le rôle de l'Union européenne, de l'Union africaine, de la CEDEAO et de l'ONU dans l'élaboration d'un accord politique, qui devrait permettre de régir le cantonnement des forces et l'organisation territoriale du Nord du pays. Ce n'est pas très compliqué s'il y a une volonté politique. Mais existe-t-elle vraiment ? Les dirigeants du MNLA apparaissent comme des terroristes aux yeux des dirigeants maliens. Le MNLA, ayant montré sa supériorité sur le terrain, s'estime lui-même en position de force. Enfin, on voit mal quelles distinctions établir précisément entre le MNLA et les autres groupes armés que François Loncle a évoqués. Tout étant très fluide, on ignore où commencent les Touaregs et où s'arrête AQMI.

On ne peut pas installer, dans un environnement aussi pauvre, des bases militaires isolées sans entreprendre des actions d'accompagnement en direction de la population. Il faudrait que l'AFD réalise des micro-projets sur le terrain. La stabilisation passe par le développement.

Je rejoins Jacques Myard sur la question de la division entre le Nord et le Sud.

Quant à l'Europe, l'affaire est entendue. S'il y a 400 soldats néerlandais au Mali, c'est parce que le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies, Bert Koenders, est un ancien député et un ancien ministre des Pays-Bas. Il a fait jouer tout son poids politique pour engager son pays. Les Géorgiens, pour leur part, ont réagi à la crise ukrainienne en envoyant des soldats en RCA pour démontrer qu'ils sont européens.

Sans nécessairement fixer tout de suite une date, nous devons travailler à un plan de sortie, afin d'éviter un ancrage de long terme. Comme le dit Hubert Védrine, à juste titre, des interventions de cette nature se retournent toujours contre leurs auteurs, même s'ils sont animés des meilleures interventions.

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