Intervention de Allain Bougrain Dubourg

Réunion du 3 juin 2014 à 17h00
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Allain Bougrain Dubourg, co-rapporteur de l'avis « Agir pour la Biodiversité » au nom de la section de l'environnement du Conseil économique, social et environnemental, CESE :

Madame Viviane Le Dissez, je ne m'exprime pas toujours au nom du CESE. Chacun de nos avis étant établi à partir d'un consensus que nous n'obtenons qu'après de longs échanges, je ne veux pas engager le CESE là où il n'aurait pas voulu mettre les pieds… (Sourires)

Les ONG sont à l'origine de 27 des amendements qui seront déposés sur le projet de loi. L'un d'entre eux vise à revisiter la composition du conseil d'administration de l'AFB pour y intégrer l'ONCFS, ce qui répond à une demande pressante des personnels de l'Office.

La gestion des réserves naturelles doit être laissée à des structures dont l'objet statutaire principal est la protection du patrimoine naturel, et non à des intérêts particuliers – ce que sont les comités de pêche ou de conchyliculture…

L'article 67 du projet de loi, dans un but de simplification de la gestion des parcs naturels régionaux, propose un gestionnaire unique. C'est une erreur fondamentale ! Le secteur associatif, qu'il s'agisse des chasseurs ou des environnementalistes, fait preuve d'un dynamisme admirable, ne coûte pas cher à la société et fait office de lanceur d'alerte. Si nous laissons intervenir des intérêts particuliers, il sera plus difficile de faire respecter le droit. Certes, les systèmes de protection sont trop nombreux et complexes, mais notre pays possède des structures historiques, qui sont reconnues partout dans le monde. Nous devons les conserver en l'état.

La liste des sites inscrits, qui est l'antichambre des sites classés, joue un rôle considérable. Cet outil doit être maintenu.

Monsieur Jean-Marie Sermier, je commencerai par vous citer Pierre Dac : « Il faut arrêter de changer les pansements, il faut penser le changement »… Je ne souhaite pas engager un débat éthique sur le thème de la chasse, mais je me dois de vous dire que le président de la Fédération nationale a voté favorablement les deux saisines, l'une relative à l'éducation à l'environnement et au développement durable, l'autre à la biodiversité. Sur le terrain, nous travaillons de façon remarquable avec les chasseurs, sans nier que certains d'entre eux sont des « margoulins ». Il est inacceptable que des élus soutiennent le braconnage aux ortolans et aux pinsons, dans les Landes et ailleurs, qu'ils se permettent de bafouer le droit et de plaisanter sur le braconnage d'espèces que le Muséum national classe parmi les espèces en déclin. Nous travaillons en bonne intelligence avec certains chasseurs pour la préservation d'espèces comme l'outarde canepetière, ou l'aigle de Bonelli dans l'Hérault, mais nous avons parfois affaire à des « viandards » qui refusent toute forme de protection. Est-ce bien raisonnable de continuer à chasser des espèces qui sont préservées dans le reste de l'Europe ? La réponse est non ! Nous sommes allés à plusieurs reprises devant le Conseil d'État pour faire respecter le droit, et nous avons gagné, à partir de simples données biologiques. Dans ces conditions, les chasseurs peuvent-ils être de bons gestionnaires de la biodiversité ?

Le président de la Fédération des chasseurs des Landes reconnaît bien volontiers qu'il y a trop de sangliers dans son département et qu'il est inacceptable de continuer à agrainer les sangliers en hiver et de laisser se développer les élevages simplement pour permettre à certains de faire des cartons.

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