Intervention de Isabelle Bruneau

Séance en hémicycle du 8 novembre 2012 à 9h30
Projet de loi de finances pour 2013 — Enseignement scolaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaIsabelle Bruneau :

Depuis dix ans, l'école a en effet subi une politique de destruction systématique, sans stratégie éducative avérée, ce qui a conduit à la suppression de 70 000 postes entre 2007 et 2012 et à une baisse du taux d'encadrement dans les zones les plus en difficulté. Les conséquences ne se sont pas fait attendre, qu'il s'agisse de la dégradation des conditions de travail des élèves et des enseignants – avec son lot de classes surchargées, une attention de plus en plus labile des élèves, une gestion des groupes de plus en plus difficile avec un public plus hétérogène –, de la remontée du nombre d'élèves en situation de décrochage scolaire, qui auront d'autant plus de mal à accéder au marché du travail. Ainsi, la hausse des inégalités scolaires laisse s'exercer à plein les déterminismes sociaux. C'est le principe même de l'égalité des chances qui est remis en cause et cela dans un contexte de crise et de difficultés socio-économiques accrues pour les parents d'élèves, notamment dans les zones sinistrées.

Monsieur le ministre, votre objectif était d'inverser la tendance et vous l'avez montré dès septembre en prenant des mesures d'urgence comme la création de 1 000 postes de professeurs des écoles, de 100 postes de conseillers principaux d'éducation, de 2 000 assistants d'éducation, de 1 500 auxiliaires de vie scolaire.

Après ces mesures d'urgence, les crédits inscrits au projet de loi de finances pour 2013 au titre de l'enseignement scolaire s'élèvent à 64 milliards d'euros contre 62,3 milliards pour 2012, soit une hausse de 2,89 % en volume. En 2013, 43 000 postes seront ouverts aux concours externes pour 22 100 étudiants inscrits en seconde année de master et 21 350 pour les étudiants inscrits en première année de master. Il s'agit donc de remplacer tous les enseignants partant à la retraite et de rétablir l'année de formation initiale des professeurs. Ce sont aussi 6 000 emplois d'avenir professeur qui permettront à des étudiants boursiers de deuxième année de licence de bénéficier d'une aide financière pour leurs études et de se destiner au métier du professorat. C'est donc un recrutement plus diversifié et s'accordant à la diversité culturelle des élèves de la République, un recrutement bienvenu eu égard à la désaffection pour les métiers de l'enseignement.

En ce qui concerne la formation dans l'enseignement scolaire public du premier degré, les crédits pour la formation des enseignants inscrits au programme 140 augmentent de 9,3 % après avoir baissé de plus de 40 % dans les précédentes lois de finance. Dans l'enseignement scolaire du second degré, les crédits pour la formation des enseignants augmentent de 21,3 % et sont destinés à la formation des enseignants stagiaires et à la formation continue des enseignants du second degré.

En effet, on a eu tendance à oublier, ces dernières années, qu'être enseignant s'apprend, qu'il s'agit d'un métier et d'une véritable spécialisation, qu'un enseignant doit se perfectionner. Malgré les diplômes, seule la mise en situation permet de connaître un groupe, de le gérer et d'innover sur le plan pédagogique.

L'école maternelle n'est pas oubliée, et notamment en zone d'éducation prioritaire : la scolarisation des enfants de moins de trois ans est valorisée, parce que plus l'intégration est précoce, mieux elle prépare l'avenir.

Vous procédez aussi à une hausse des crédits de l'action « Besoins éducatifs particuliers », comme l'a très bien signalé Michel Ménard dans son rapport : il s'agira en particulier de favoriser l'intégration des enfants malades, en rupture forcée de scolarité, et des enfants handicapés.

Pour l'enseignement scolaire du second degré, les crédits pédagogiques s'élèvent à 74,1 millions d'euros pour 2013 et augmentent de près de 10 % pour le lycée général et technologique. Il faut signaler aussi que l'enseignement privé n'a pas été oublié : avec 867 créations de postes pour la rentrée 2013, il y a même un léger déséquilibre en sa faveur, puisqu'il n'accueille que 16,6 % de l'ensemble des élèves.

Enfin, et il faut le souligner, ce budget prend en compte, de manière urgente et nécessaire, le problème de la violence, qui s'est développée en milieu scolaire, créant un climat délétère, aussi bien pour les enseignants que pour les élèves. Cette violence, tantôt importée, tantôt endogène, peut être très prononcée dans les collèges, où elle tombe souvent sous la loi du silence, ce qui est lourd de conséquences pour l'apprentissage. En effet, la transmission des connaissances, qui est le but essentiel de l'école, est largement contrariée par la violence et le harcèlement : décrochage, absentéisme, troubles de la concentration et de la mémoire sont largement corrélés à la violence. Lutter contre le harcèlement entre pairs, c'est lutter pour la réussite scolaire, d'où l'importance des assistants chargés de prévention et de sécurité, dont cinq cents ont été affectés dans les établissements les plus exposés depuis la rentrée.

À ceux qui disent, ou qui pensent très fort, que le Gouvernement ne fait que du quantitatif, au détriment de la qualité…

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