Vous l'avez dit, monsieur Reiss : un rapport parlementaire avait noté cette aberration et cette incongruité absolues. Monsieur le ministre, vous avez mis fin à cette aberration en proposant une formation pour les jeunes qui se retrouveront dès maintenant devant des classes, et en créant les écoles supérieures du professorat et de l'éducation – j'y reviendrai.
Monsieur le ministre, la formation des maîtres est le coeur de la réforme que vous préparez. J'ai pu m'en rendre compte cet été : il ne s'agit pas de quantitatif, mais bien de qualitatif ! Je ne comprends pas l'argument du quantitatif quand toute la politique éducative que vous menez, madame et monsieur les ministres, repose sur la formation des maîtres. Vous avez d'abord répondu en urgence à ce besoin en faisant bénéficier les jeunes enseignants de trois heures de décharge alors qu'ils étaient lâchés, si je puis dire, sans aucune arme devant les élèves. Vous avez par ailleurs créé une forme de pré-recrutement avec les 6 000 emplois d'avenir qui viennent d'être votés ici, puis contractualisés il y a quelques heures : vous avez fait de ce pré-recrutement un élément essentiel pour que le corps enseignant soit enfin à l'image de la nation et des élèves qu'il aura devant lui. Ce souci est non seulement pédagogique, mais aussi social et moral.
Enfin, vous avez créé les écoles supérieures du professorat et de l'éducation, dans le souci de former non seulement les enseignants, mais aussi toutes celles et tous ceux qui feront partie des équipes éducatives et qui, sans être enseignants, joueront un rôle éducatif majeur. Il s'agit bien de considérer que l'élève doit être véritablement au centre de l'acte éducatif, et que l'éducation est l'affaire de tous. Contrairement à ce qui a été dit tout à l'heure, cette mesure ne constitue pas un retour des écoles normales ni des IUFM. En effet, la tâche essentielle de ces écoles sera de donner une véritable formation professionnalisante, certes aussi disciplinaire – n'opposons pas le disciplinaire et le pédagogique : ce vieux serpent de mer est un faux débat qui a fait beaucoup de mal aux discussions sur l'école ; dépassons-le ensemble ! –, qui permettra aux jeunes enseignants d'acquérir une véritable maîtrise de leur métier. C'est un élément majeur de la réussite des élèves.
Au-delà de l'aspect pédagogique, la formation des enseignants est peut-être surtout un véritable appel à la jeunesse. Il s'agit de dire aux jeunes de ce pays ayant la vocation des métiers de l'enseignement – car il n'y a pas de crise des vocations mais une crise du recrutement : ce n'est pas la même chose – que nous leur ouvrons les bras ! Nous leur permettons de faire des études dont ils sont exclus parce que leur famille n'a pas suffisamment de moyens. Par ce pré-recrutement et cette formation, nous leur donnons aussi la capacité de devenir de véritables enseignants, comme ceux dont ils ont bénéficié en leur temps. Cet appel à la jeunesse, ce contrat avec la jeunesse, cette confiance envers la jeunesse a déjà donné des résultats – vous l'avez sans doute tous remarqué. (Rires sur les bancs du groupe UMP.)
Mes chers collègues, vous pouvez rire ! Mais à votre place, je ne rirais pas…