Madame la présidente, madame, messieurs les ministres, après cinq années de réductions budgétaires, nous avons aujourd'hui la possibilité de redonner un nouveau souffle à l'Éducation nationale, grâce à ce budget.
Nous savons tous que l'école en souffrance conduit à l'échec éducatif. Il y avait donc urgence à redonner de la confiance à l'école de la République, à envoyer des signes forts aux enseignants, aux étudiants, aux enfants et à leurs parents.
Nouvelle élue, je suis très honorée, monsieur le ministre, d'avoir été rapporteure pour avis dans cet hémicycle, de l'article 2 de la loi portant création des emplois d'avenir professeur, texte emblématique de ce début de législature en faveur de la jeunesse.
Ce texte, dont vous avez prévu la mise en oeuvre dès janvier 2013 remplit pleinement le double objectif d'une refondation républicaine de l'école et de la refondation de la République par l'école. Nous serons donc attentifs à sa mise en oeuvre dans les semaines à venir.
Il s'agit, par ce biais, de mettre en place le premier pilier, celui du prérecrutement, d'un système de formation initiale et de prise de fonction des maîtres entièrement rénové, destiné en priorité aux étudiants boursiers, résidant sur des territoires dont l'accès à l'emploi est difficile.
Conformément aux engagements du Président de la République, celui-ci reposera sur le rétablissement de l'année de stage en alternance, supprimée en 2010, et la création des écoles supérieures du professorat et de l'éducation. Ce dispositif va faciliter l'emploi des jeunes non diplômés pour tenter de remédier, le plus rapidement possible, aux conséquences sociales de la réforme dite de la « mastérisation », et de la crise du recrutement entraînée par cette réforme.
Force est de constater que celle-ci tendait à homogénéiser le corps professoral. Cette uniformisation n'est souhaitable ni pour les enseignants ni pour leurs élèves. Le risque qu'il n'y ait plus aucune adéquation entre la composition sociologique du professorat et la Nation était réel. Or celle-ci joue, incontestablement, un rôle dans la réussite scolaire. En outre, ce que l'on pourrait appeler la « clôture sociale » du recrutement serait aller à l'encontre d'une tradition républicaine d'ascension par le mérite dont nous sommes tous fiers et comptables !
La prise en charge des étudiants concernés durera trois ans – un point capital – pour inciter les jeunes issus de milieux modestes à concrétiser leur vocation. C'est pourquoi cette prise en charge va débuter suffisamment tôt dans le cursus universitaire, sans être précoce, soit en deuxième année de licence, pour être attractive au regard des besoins des jeunes issus de zones défavorisées.
Évidemment, ces étudiants ne se verront pas confier des classes, mais, la première année, des tâches péri éducatives, comme la surveillance, puis les années suivantes, des tâches pédagogiques en co-intervention. Ce dispositif permettra aux étudiants concernés de bénéficier de trois types de revenus : une bourse sur critères sociaux de 281 euros en moyenne mensuelle ; une rémunération d'emplois d'avenir professeur sur la base de 402 euros mensuels ; un complément sous forme de bourse de service public de 217 euros, en échange d'un engagement à préparer un concours de recrutement de personnels enseignants et à s'y présenter.
Ces trois revenus étant cumulables, les jeunes concernés – 6 000 en 2013 – bénéficieront d'un revenu net « cible » emploi d'avenir de 900 euros en moyenne mensuelle. C'est une mesure très favorable au pouvoir d'achat des jeunes et en particulier des étudiants, car nombre d'entre eux sont dans une situation de précarité avérée. La montée en charge se fera donc assez rapidement pour un montant global annuel de plus de 29 millions d'euros.
Autre portée symbolique : ces jeunes vont venir en appui de la politique éducative qui vise à contribuer à la réussite de tous les élèves. Ils vont veiller à leur offrir les mêmes chances de réussite et à leur transmettre leur savoir-être. Ils seront intégrés à la communauté éducative, se formeront progressivement et deviendront le futur vivier d'une école républicaine régénérée, plurielle, en adéquation avec la société de demain, responsable et citoyenne. Ce budget est un beau symbole de solidarité et d'exemplarité.
Au total, ce dispositif de pré recrutement constitue, incontestablement, un investissement indispensable pour la cohésion de l'école, et au-delà, celle du pays tout entier. Nous sommes impatients de suivre sa mise en oeuvre.
C'est une profonde refondation de la République de et par l'école qui se met enfin en marche ; son visage va enfin changer, et c'est toute la jeunesse qui en sortira grandie et éclairée. (Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)
Le 16/11/2012 à 23:10, maxnimes (retraité cadre fonct.publique territoriale) a dit :
Excellente argumentation ,très construite , très justifiée...
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