Madame la présidente, madame, messieurs les ministres, le budget de l'éducation nationale reste, et c'est heureux, le premier budget de l'État. L'investissement de la nation est donc considérable et à la mesure de l'enjeu : l'éducation de nos enfants, l'avenir de notre pays.
Cet investissement est directement le fruit du travail et des efforts des Français. Il ne doit pas être gâché, dépensé avec improvisation ou idéologie. Son utilisation doit être non seulement rigoureuse mais aussi ambitieuse, en phase avec les changements de notre société, de notre monde. Il ne faut pas se contenter de revenir sur le passé ou encore de faire droit aux corporatismes.
Ce budget tombe dans ce travers. Il est caractérisé par son manque d'ambition, son obsession d'afficher des augmentations de moyens contestables quant à leur utilité. Ce budget est un retour en arrière.
Obsession des moyens, car votre mesure phare est l'accroissement des effectifs, 8 781 emplois de plus alors que nos finances publiques sont au bord de l'asphyxie et que la quasi-totalité des pays développés ont fait le choix de réduire le nombre de fonctionnaires. Sur ce point, vous allez, comme trop souvent, à rebours du reste du monde.
Mais là n'est pas le pire car, en augmentant les effectifs, vous commettez selon moi deux fautes. Vous bradez le concours d'entrée et vous en abaissez même le niveau puisque vous instituez un concours en fin de première année de master. Votre réforme conduira à mettre des personnes impréparées devant les élèves, à mi-temps, perturbant ainsi le rythme des apprentissages. Par ailleurs, vous sacrifiez le pouvoir d'achat des professeurs en oubliant que, pour attirer les meilleurs talents, il faut leur proposer des rémunérations attractives. Une étude de l'OCDE en février 2012 l'a parfaitement démontré.
Que faire pour le pouvoir d'achat de nos professeurs ? Vous fiscalisez leurs 33 millions d'heures supplémentaires. C'est leur infliger une taxation de près de 330 millions d'euros. Dans le même temps, vous réduisez les mesures catégorielles à moins de 70 millions d'euros pour les enseignants des premier et second degrés. C'est 60 % de moins que ce que le précédent gouvernement avait accordé.
Oui, on fait de la quantité au lieu de faire de la qualité, avec, en plus, la monomanie de faire plaisir aux corporatismes.