Le groupe écologiste considère également l'affaire comme dénuée de substance. C'est particulièrement le cas pour moi qui, venant de l'industrie, mesure l'ampleur de projets aussi révolutionnaires. Imaginons qu'il ait fallu modifier du tout au tout le système informatique du groupe SNCF. Quelle entreprise d'une dimension comparable ne se trouverait pas confrontée, au terme d'une telle modernisation, à quelques problèmes techniques mineurs dont la résolution entraînerait un léger surcoût ? Vous nous avez indiqué que l'adaptation des quais représentait 1,5 % du montant de la commande actuelle. Mais dans vingt ans, après que de nombreuses commandes de ces matériels auront été livrées, cette proportion diminuera progressivement pour ne plus représenter que 0,1 % du total, autant dire un épiphénomène au regard de ce qui est en jeu : la transformation profonde de notre système ferroviaire.
Le scandale réside donc dans la polémique qui a fait rage alors qu'elle n'avait pas lieu d'être – une députée allant jusqu'à demander la démission du président de la SNCF, que j'assure de toute ma confiance. Je rappelle aussi à mes collègues de droite qu'un ancien ministre des transports, M. Dominique Bussereau, s'est permis de jeter de l'huile sur le feu en affirmant que ces adaptations allaient coûter bien davantage que 50 millions d'euros – propos repris par certaines voix extrêmes – au lieu d'expliquer, comme l'ont fait ceux qui n'avaient pas accès aux médias, ce qu'apportent les nouveaux matériels.
Plusieurs questions méritent cependant d'être posées. Vous l'avez rappelé, la séparation de RFF et de la SNCF a provoqué des dysfonctionnements et des coûts. Nous devons le garder en mémoire au moment d'examiner le projet de loi portant réforme ferroviaire, alors que nous nous trouvons confrontés dans ce cadre à une opposition plus systématique que constructive.
Se pose également la question du modèle économique retenu lorsque des trains commandés par la SNCF et propriété de celle-ci sont financés par les régions, celles-ci ayant également dû verser à l'entreprise 100 millions d'euros supplémentaires au titre d'études prévues par le cahier des charges de commande de ces trains. Il est temps que ce système ferroviaire très consommateur en énergie et en fonds publics évolue.
Enfin, comment transmettre un message positif, dans cette France qui s'autoflagelle en permanence, sur la révolution de l'offre ferroviaire quotidienne à laquelle nous nous apprêtons avec l'arrivée de matériels aussi extraordinairement performants que sont le Régiolis et le Régio2N ? Dans ma ville, Gardanne, presque chaque matin des voyageurs restent à quai parce que les trains actuels n'ont pas la capacité suffisante pour les embarquer : bien qu'ayant été rénovée il y a quatre ans à peine, la ligne est déjà saturée. Les nouveaux matériels permettront de résoudre ce problème. Comment faire savoir que la France évolue grâce à l'investissement de toutes les régions – de gauche comme de droite – dans de nouveaux matériels, au profit du transport quotidien ?