Une polémique aussi précipitée que déplacée s'est déclenchée après que le Canard enchaîné a révélé que la commande de nouveaux TER d'un gabarit supérieur au précédent demanderait l'élargissement de 1 300 quais, pour un coût de 50 millions d'euros. Quelques jours plus tard, les conclusions d'un audit nous apprenaient qu'aucune erreur n'avait été commise et que les trains Régiolis d'Alstom et Régio2N de Bombardier étaient conformes aux normes européennes, notamment en termes de gabarit.
Je comprends que quand on modifie une composante du système ferroviaire aussi déterminante que les trains, il faille, pour maintenir la cohérence d'ensemble, adapter les autres et notamment les quais dès lors que les conditions d'exploitation évoluent. Mais tout en étant conscients de la nécessité d'adapter un réseau aussi ancien que le chemin de fer français aux impératifs de sécurité et d'accessibilité des trains, nous pouvons légitimement penser que cet épisode aurait été mieux anticipé si la communication et la coordination entre la SNCF et RFF n'avaient pas été fautives.
J'ose espérer que la réforme que nous examinerons dans les jours qui viennent permettra de remédier au schéma kafkaïen de notre système ferroviaire, caractérisé par une gouvernance partagée entre RFF, propriétaire du réseau, la SNCF, exploitant, et les régions, autorités organisatrices de transport. Ainsi, alors que des travaux avaient eu lieu en gare d'Aytré en 2009 – année même où le cahier des charges déterminait la largeur des futures rames Régiolis –, cinq ans plus tard à peine, en 2014, RFF a dû raboter les quais pour pouvoir y faire passer les nouveaux TER…
Gageons que la réforme ferroviaire mettra fin à ces dysfonctionnements, améliorera les relations entre les futures SNCF Réseau et SNCF Mobilités et nous évitera ce que les Rochelais vivent depuis des années et dont j'ai déjà parlé ici même : le pont-route qui enjambe les voies au-dessus de la gare de La Rochelle tombe en ruine, mettant en danger les habitants qui l'empruntent. Il convient d'agir au plus vite afin de le sauver et de préserver l'intégrité des usagers. Je tremble chaque fois que je suis sur ce pont, et j'ai honte lorsque je descends du TGV en gare de La Rochelle, contre-exemple absolu en matière d'accessibilité : chaque année, plus de deux millions de voyageurs y passent, obligés de suivre un parcours du combattant puisqu'il leur faut emprunter de longs escaliers dans un sens puis dans l'autre pour pouvoir gagner leur wagon.
Le manque de dialogue entre la SNCF et RFF, dont les relations se sont dégradées depuis que la SNCF conteste le montant des péages qu'elle doit acquitter à RFF, explique-t-il à lui seul l'immobilisme qui règne aujourd'hui en matière d'accessibilité ?