Intervention de Ericka Bareigts

Réunion du 4 juin 2014 à 16h15
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaEricka Bareigts :

Je salue l'état d'esprit dans lequel vous abordez ces sujets compliqués, qui concernent, au-delà de l'économie, des projets de société. L'outre-mer recouvre des territoires très différents, qui possèdent des richesses extraordinaires et de lourds handicaps structurels. L'Union européenne, qui l'a reconnu comme région ultrapériphérique, a montré sa volonté de compenser ces handicaps. Quant à la solidarité nationale, elle doit compléter des initiatives locales réfléchies. La France, qui est une nation diverse, accepte sa diversité. En 2014, il n'est plus possible d'aborder la République comme à l'époque où elle est née, et la solidarité nationale doit nous aider à construire des projets de société cohérents avec ce que nous sommes.

Le premier élément à mettre en avant est la stabilité. Aucun chef d'entreprise ne s'installera sur des territoires contraints et difficiles s'il sait que les dispositifs en vigueur risquent de disparaître l'année suivante. Un autre axe est la contractualisation, objet d'un engagement du candidat François Hollande. L'exercice est difficile, mais il aidera à mettre en valeur nos richesses, à développer nos projets de société en cohérence avec la République. Enfin, il faut raisonner sur les volumes qui nous sont propres. Parce que La Réunion détient le record européen du chômage, les solutions nationales n'ont aucun impact quand on les décline au niveau local. L'argent public est d'autant moins efficace que les dispositifs ne sont pas adaptés à nos difficultés.

Nous soutiendrons le Pacte de responsabilité et de solidarité, qui doit être décliné sur nos territoires. Pour le CICE, l'outre-mer doit bénéficier de taux différenciés, qui permettront de stimuler les premières embauches. Le dispositif ne semble pas très efficace, à en juger par le montant des préfinancements accordés par la BPI.

Enfin, alors que nous ne manquons pas de jeunes diplômés, on ne peut pas construire un avenir dans des domaines concurrentiels qui demandent de l'intelligence sans structurer l'innovation. Une étude de l'INSEE menée entre 2008 et 2010 avait pointé notre déficit en la matière. Cette année, le financement de l'innovation par la BPI demeure très loin de nos objectifs.

Je rappelle, en conclusion, que certaines entreprises, comme Vinci et Numericable, répugnent à embaucher, alors qu'elles ont reçu des aides publiques. Les contreparties des aides et le dialogue social sont assurément une question délicate, mais on ne peut pas ne pas la traiter.

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