Intervention de François Brottes

Réunion du 4 juin 2014 à 9h30
Commission des affaires économiques

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaFrançois Brottes, président :

Nous allons ouvrir, ce matin, le dossier Ascométal, entreprise spécialisée dans les aciers spéciaux, qui évolue sur un marché de niche, très dépendant de certains secteurs, comme celui de l'automobile. Cette société aux compétences reconnues, implantée sur six sites répartis en France, a connu un actionnariat nomade du fait de multiples changements de propriétaires. Aujourd'hui, alors qu'il y a un marché, des clients et des produits de qualité, elle se retrouve en redressement judiciaire, sans doute en raison des rachats en LBO (leveraged buy-out) dont elle a fait l'objet.

Je tiens à saluer l'action du ministre Arnaud Montebourg, qui, sur ce dossier comme sur d'autres, a mouillé sa chemise. L'État a tenté, mais en vain, d'inciter les banques à être constructives pour sauver l'entreprise.

Les candidats à la reprise étaient les suivants : le fonds Apollo, ancien propriétaire d'Ascométal, ce qui est assez surprenant ; le fonds d'investissement américain Anchorage, soutenu par les banques Morgan Stanley et Bank of America, créancières de l'entreprise, associé au groupe industriel algérien Cevital ; le brésilien Gerdau, concurrent direct de l'entreprise ; Sparkling Industrie, groupe de repreneurs majoritairement français soutenu par le Gouvernement et représenté par M. Supplisson et M. Dollé.

Dans un premier temps, le tribunal de commerce de Nanterre a accordé sa préférence au groupe Gerdau, mais le ministre, par le biais de son commissaire régional au redressement productif en Île-de-France, a soutenu le projet français – le seul à prévoir le maintien de l'ensemble des sites industriels d'Ascométal sur le territoire.

Dans une tribune parue hier dans un grand journal économique, une journaliste critique la solution retenue, qui témoigne, selon elle, d'une incompréhension de la mondialisation, considérant l'offre brésilienne plus solide sur le plan industriel. Au demeurant, des cadres de l'entreprise m'ont fait savoir qu'ils auraient préféré la reprise brésilienne.

Nous sommes là en présence d'un dossier exemplaire : une entreprise positionnée sur un marché traditionnel et pertinent, mais endettée, et dont certains des repreneurs pourraient se révéler des prédateurs. L'un d'entre eux sortant du lot, d'aucuns peuvent se demander si son offre n'est pas un marché de dupe. C'est la question que nous posons à M. Franck Supplisson, ancien directeur de cabinet du ministre de l'industrie Éric Besson et président de la holding Asco Industries, et M. Guy Dollé, ancien PDG d'Arcelor et futur président du conseil de surveillance du groupe Ascométal.

Comment avez-vous emporté la décision ? Est-ce par favoritisme – et qu'est-ce qui vous retiendrait alors de repasser, demain, la main à d'autres ? – ou est-ce votre détermination à offrir de réelles perspectives industrielles et sociales à ce groupe qui a convaincu ?

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